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Le printemps est là! 10 suggestions de lecture pour accueillir cette belle saison!

Autour de nous la nature se pare de fleurs et de couleurs. Pour accueillir le printemps et se mettre au diapason, nous vous proposons quelques suggestions de lecture: de quoi savourer la douceur et la beauté de cette nouvelle saison!

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1. Bonjour printemps, de Didier Lévy et Fleur Oury, Seuil jeunesse, 2018
Album, dès 3 ans

A l’arrivée du printemps, un drôle de phénomène surprend la famille blaireau. Leur maison, plantée au milieu d’une clairière, bourgeonne et croît. Emplie de sève, la végétation pousse et fleurit, recouvrant murs et meubles. Parents et enfants s’acclimatent à cette situation. Mieux, ils accueillent tous les jours de nouveaux voisins venus profiter de la générosité de leur arbre majestueux aux branches gigantesques. Décidément, tout pousse ce printemps-là, y compris le ventre de maman!

Un récit tendre et percutant sur le retour du printemps, avec une nature luxuriante et légèrement envahissante et l'annonce d'une nouvelle grossesse. Aussi magnifiques soient-ils, ces grands bouleversements provoquent aussi des cauchemars chez la narratrice et future grande sœur qui, regardant le ventre de sa maman s'arrondir, pense qu'il n'y a qu'elle qui ne change pas. Ses parents bienveillants la rassurent en trouvant les mots justes. «Alors à mon tour je me suis transformée». Un très bel outil, écrit avec intelligence par Didier Lévy et illustré aux crayons de couleur par Fleur Oury, pour aider les enfants à apprécier les moments-clés de leur existence. (EP)

bonjour printemps

2. Il était un arbre, d'Emilie Vast, MeMo, 2012
Album, dès 4 ans

Une poire enfouie dans le sol; le temps qui passe; un arbuste qui naît… Et voici l’arbre. Le lecteur découvre ainsi «grandir», une histoire en une seule double-page. Mais voilà que d’autres histoires surgissent. A la page suivante: «séduire». Un trou dans la page crée un lien entre les images, le temps se suspend pour une pause poétique et les fleurs jaillissent, les récits se créent et les images prennent du sens, sans un mot. Au fil des pages, les oiseaux se font la cour, font leur nid et ont des petits. La vie passe, les animaux filent, les feuilles tombent.
A chaque page, la surprise graphique opère: seules les couleurs noir, gris, blanc et jaune sont utilisées et la poésie qui naît de leur association est grande. Le format tout en longueur permet de faire varier sans cesse la mise en page où les récits se lisent aussi bien de gauche à droite, de haut en bas que dans tous les sens. Au gré de l’imagination, des histoires apparaissent et la poésie reste la seule constante. L’émotion surgit alors naturellement et la dernière page «recommencer» donne en effet envie de suivre ce conseil. (DM)

3. Premiers printemps, d'Anne Crausaz, MeMo, 2010
Album, dès 4 ans

Anne Crausaz continue son exploration scientifique des phénomènes de la nature, rendant ici compte des saisons et du temps qui passe. Comme toujours, c’est simplissime et lumineux, avec une petite pincée de malice benoîte (le clin d’œil à Raymond, un personnage récurrent de ses albums). Un narrateur externe commente, conseille les actions d’une petite fille. Chacun de ses mouvements est lié à un des cinq sens: respirer les fleurs, écouter l’orage, effleurer la neige glacée, goûter les cerises… Chaque saison s’appréhende ainsi avec le corps entier. Sobres et courtes, les quelques lignes de texte se fondent dans des doubles-pages d’illustrations souvent en gros plans. Le style graphique d’Anne Crausaz est désormais caractéristique: formes volontiers géométriques, contours fins mais nets, couleurs franches et uniformes. Le minimalisme devient pure esthétique… A montrer, raconter aux petits sans se lasser! (SP)

premier printemps

4. L’ours transparent, de Cécile Metzger, Obriart, 2018
Album, dès 4 ans

Il n’a pas de nom le héros de cette histoire! C’est normal, il est «transparent». Au début de l’histoire, sa silhouette massive et fragile se dessine en creux: blanc sur fond gris beige délavé, debout, hiératique, sans aucune expression sur le visage.

Par petites vignettes, Cécile Metzger fait pénétrer le lecteur dans l’intimité de l’ours, à l’intérieur de sa maison, là où les heures s’écoulent, solitaire devant son café, un petit nuage de pluie au-dessus de la tête. Un matin, quelques libellules rose pâle s’invitent dans la cuisine, signe avant-coureur d’un grand changement… Odette «débarque» avec sa carriole débordante d’objets variés, et surtout ses roses, ses fleurs et sa musique. Dans sa maison transparente, les vignettes constellées de libellules et de notes de musique la montrent au téléphone, dans son bain, dans la cuisine, pleine de vitalité, et répondent à celles carrées et strictes de l’ours triste. L’ours balance entre deux sentiments.

La présence d’Odette le rend-il heureux ou pas? Deux illustrations côte à côte expriment son dilemme. Assis, un livre en main, pluie et libellules s’affrontent, cohabitent jusqu’au moment où… Odette pleure? C’est alors que l’ours se sent pleinement concerné. Le soleil rencontre la pluie. L’image d’Odette blottie entre les bras de l’ours, délicatement colorée en rose, bleu et blanc scelle leur amitié, leur solidarité.

A deux, tout est mieux. Mais lorsqu’Odette s’envole que reste-t-il à l’ours? Avec une infinie délicatesse, Cécile Metzger traite du vieillissement et de la mort. Le nom d’Odette n’est pas sans rappeler l’album de Kay Fender et Philippe Dumas (Odette: un printemps à Paris). Cette main tendue entre générations, cette filiation, prouve la permanence et l’universalité de ces thèmes. Un album élégant, doux et tendre pour apprendre la vie. (DB)

l'ours transparent

5. Et puis c’est le printemps, de Julie Fogliano et Erin E. Stead, Kaléidoscope, 2013
Album, dès 5 ans

«D’abord, c’est le brun que tu vois, le brun, partout autour de toi, puis il y a les graines enfouies qui attendent la pluie, et il se met à pleuvoir, et tout est toujours brun, mais d’un brun qui contient tous les espoirs (…).»

On assiste dans cet album à l’installation lente et imperceptible du printemps. Le marron va laisser tout doucement la place au vert. Les graines prennent tout leur temps pour pointer leurs premières pousses. L’enfant attend, observe, sème, patiente, s’impatiente, s’inquiète et patiente encore.
La pluie est là. Le découragement lui n’est pas loin.
Et un matin, enfin, c’est le printemps, le vert est partout!

Cet album est d’une douceur et d’une beauté rares…
Le texte de Julie Fogliano ne contient presque aucune ponctuation mais il se découpe très facilement. Il ne faut pas hésiter à prendre son temps entre chaque double-page pour constater de quelle manière le paysage change.
C’est avec un immense plaisir que l’on contemple les paysages d’Erin E. Stead. Elle avait déjà signé les illustrations du très joli A-A-A-A-Atchoum! paru chez le même éditeur. (GF)

6. Z’oiseaux de jardin, de Christine Flament, La poule qui pond, 2018
Album, dès 5 ans

Conçu comme un cherche et trouve, Z’oiseaux de jardin est un album très documenté et richement illustré. Il se compose pour chaque tableau de deux doubles-pages: sur la première, on découvre un plan rapproché en noir et blanc d’une section de jardin; on y voit, dessinés avec beaucoup de précision, des plates-bandes de tulipes, un mur recouvert de lierre, un pommier en fleur et une multitude d’insectes, araignées et escargots. Une petite devinette posée en bas de page pousse le lecteur à réfléchir à l’occupant potentiel du lieu qui se cache dans les feuillages touffus. Après avoir tourné la page, le décor reste le même mais les insectes et autres petits habitants (pas bêtes!) ont disparu et les oiseaux joyeusement colorés prennent toute la place: le couple de merles savoure des vers de terre près du cageot de pommes, les pigeons dévorent les baies de lierre... et le chat se faufile pour essayer d’attraper son repas!

Grâce à une illustration délicate et précise, ce magnifique ouvrage met en lumière la vie foisonnante de nos jardins. Destiné à des lecteurs de cinq à neuf ans, il peut tout à fait convenir à un public plus âgé, voire même adulte. (VM)

z'oiseaux de jardin

7. Attends Miyuki, de Roxane Marie Galliez et Seng Soun Ratanavanh, La Martinière jeunesse, 2016
Album, dès 6 ans

Le printemps est arrivé! Miyuki, impatiente, encourage son grand-père à se lever pour en profiter. Le vieil homme lui rétorque qu'il savoure, pour l'instant, «la douceur de son oreiller» en regardant les premiers rayons du soleil à travers sa fenêtre. Sa petite-fille insiste tellement qu'il finit par craquer pour la suivre dans le jardin. Ensemble, ils saluent les cerisiers, l'herbe sucrée et les jolies fleurs. Soudain, le regard de la fillette se pose sur une petite fleur restée en bouton. Miyuki pense qu'elle est en retard sur les autres et souhaite la réveiller au plus vite. Pour éclore, elle a besoin de l'eau la plus pure et la plus fine. Cédant à son impulsivité, l'enfant part, son seau à la main, en quête du liquide magique…

A force de courir après des chimères, on en oublie l'essentiel: vivre l'instant présent en pleine conscience! C'est la leçon à retenir de cette fable métaphorique, emplie de sagesse ancestrale.

Pour illustrer cette leçon de vie du monde végétal, Seng Soun Ratanavanh choisit de représenter les humains en mode minuscule. Ainsi, ces petits êtres côtoient un crapaud géant, un lapin blanc impressionnant ou un parterre de fleurs luxuriant.

Un très bel album à savourer, sans se précipiter! (EP)

attends miyuki

8. Arbres, de Wojciech Grajkowski et Piotr Socha, La Martinière jeunesse, 2018
Documentaire, dès 6 ans

Cet album documentaire publié par les éditions La Martinière jeunesse est LE passeport indispensable pour une odyssée scientifique et culturelle dans le monde des arbres. Il regorge en effet de nombreuses connaissances scientifiques et présente l’originalité d’élargir le propos aux mythes, légendes et traditions liés aux arbres. Des doubles-pages explicatives sur la forêt dans les légendes ou les créatures arboriformes succèdent ainsi à des planches de style naturaliste sur les feuilles, les racines ou les habitants des arbres. Les informations apportées de manière très claire et synthétique au travers de courts paragraphes se révèlent exhaustives et très intéressantes. Le ton et la forme adoptés par les auteurs de ce documentaire oscillent ainsi entre l’encyclopédie et le Guinness des records pour le plus grand plaisir des lecteurs, qui, de manière frénétique, tournent les pages de ce grand format à la recherche d’informations insolites. Wojciech Grajkowski sait mettre à la portée de tous, et notamment des plus jeunes, son immense culture scientifique. Le savoir délivré est réhaussé par les illustrations de Piotr Socha, à la fois teintées d’humour, de poésie et de références artistiques et culturelles pointues. Avec exigence, subtilité et truculence, cet album documentaire confine dès lors, page après page, à la fable écologique.

Alors prêt.e.s à vous lancer dans cette aventure livresque scientifique et culturelle? Plaisir et connaissances assurés! (HD)

9. C’est ainsi que nous habitons le monde, d'Alain Serres et Nathalie Novi, Rue du Monde, 2018
Album, dès 7 ans

Cet album rend à la fois hommage à la nature et au botaniste du XIXe siècle François Plée, également graveur.

On suit pas à pas le jeune François gambader au milieu des plantes et entraîner à sa suite Adèle et Clémence, ses deux cousines. Non seulement il aime les fleurs, les arbres, les oiseaux... mais il réussit aussi à parler à la nature, à sentir les différents parfums au plus profond de lui, à être en connexion avec les éléments qui l'entourent. Un bonheur pour François mais aussi une source d'ennuis.

En effet, Victor et sa bande ne voient pas cette connivence avec la nature d'un très bon œil. Sûr de lui et soutenu par la forêt, François réussit cependant à faire passer son message d'amour et d'ouverture d'esprit.

Les planches botaniques du XIXe siècle se glissent adroitement au milieu des illustrations de Nathalie Novi. Elles se croisent et se répondent grâce au jeu des formes et des couleurs. C'est un très beau livre lumineux qui donne des ailes aux lecteurs. On est dans un monde enchanteur. (PP)

c'est ainsi que nous habitons le monde

10. Ueno Park, d'Antoine Dole, Actes Sud junior, 2018
Roman, dès 14 ans

Huit histoires d’adolescents se succèdent dans Ueno Park. Ces adolescents sont en rupture avec la société japonaise contemporaine, une société trop rigide et conformiste dans laquelle ils n’ont pas de place. Ce qui les réunit également, au-delà de leur solitude, c’est leur position géographique. On est à Tokyo, à proximité ou dans Ueno Park, un lieu très apprécié des Japonais et des touristes, notamment durant la période d’Hanami – la période de floraison des cerisiers japonais.

«Mon attitude dérange. Mon look. Ma manière d’être. Elle remet en cause les principes qu’on nous impose depuis l’enfance, dans cette société stricte et rigide. Alors je ne cesse d’en rajouter, jour après jour. Plus de couleurs. Plus de paillettes. C’est mon combat dans cette arène formatée et sans âme, où tous suivent des règles qui les abîment et les empêchent de s’envoler dans ce ciel immense au-dessus de nous.»

Ayumi. Sora. Fūko. Natsuki. Haruto. Daïsuké. Aïri. Nozomu. Ce sont leurs prénoms. La solitude de ces personnages est grande, leur besoin de se forger une identité encore plus. Ils veulent être un, un parmi la multitude. Ils rejettent les mœurs et les trop nombreuses règles qui régissent un quotidien trop étroit, sans vague, sans bruit.

Il y a dans ces textes et dans les personnalités des personnages d’Antoine Dole tant de justesse qu’on est comme sur un fil tout du long de ces presque 120 pages. Le sentiment d’être seul est très bien rendu et beaucoup de lecteurs adolescents se reconnaîtront certainement, à cet âge où l’on se cherche une place parmi tant d’êtres humains.

«[…] les gens trouveront toujours quelque chose à dire, et si ce n’est pas pour ça ce sera pour autre chose. Tous les jours ils nous pointent du doigt parce que nous n’avons pas d’argent, parce que mon père boit, parce que mes parents ne travaillent pas, parce que je suis trop ceci ou pas assez cela. […] Leurs mensonges contre ma vérité. Ils ne font pas le poids. Mais ce serait mentir de dire qu’ils ne me blessent pas. Mon cœur est un endroit de luttes.»

«Mon cœur est un endroit de luttes.» Quelle phrase magnifique… Ce recueil dont je recommande chaudement la lecture depuis sa sortie en contient beaucoup d’autres. Ueno Park d'Antoine Dole, ce sont les histoires de huit adolescents en marge qui affirment à Ueno Park leur identité. (GF)


Les rédactrices: Danielle Bertrand (DB), Hélène Dargagnon (HD), Gaëlle Farre (GF), Valérie Meylan (VM), Déborah Mirabel (DM), Emmanuelle Pelot (EP), Sophie Pilaire (SP), Pascale Pineau (PP).