Contes culottés

Entre l’empoétineuse Caroline Barber et Elo, la Fée du rabat, cette collection de culottes chamarrées sur la couverture nous invite à une déambulation pleine de fantaisie et de malice ! La quatrième de couverture égrène les devinettes pour imaginer le parcours… Mais vite ! Ouvrons ce joli petit livre !

Bien épais, bien solide, il est composé grâce à Elo de pages à rabat du côté droit, qui permettent à Caroline Barber de décliner une comptine rimée et rigolote, en forme de devinette sur la page de gauche, avec une magnifique culotte décorée et emblématique en vis-à-vis. Lorsqu’on soulève le rabat, la réponse apparaît et le conte originel est dévoilé !

Qu’on reste cependant sur ses gardes : on rit beaucoup, mais le responsable de tout ce cirque effrayant n’est jamais bien loin. Tous les deux ou trois contes, il surgit tout à coup, noir et hirsute sur fond rouge, les dents pointues dans la gueule ouverte, l’œil menaçant... C’est le Loup ! Lui aussi manie la rime grâce à Caroline Barber, sa marionnettiste, et s’y connaît en lingerie, autant qu'en petits enfants, puisqu’il arbore un slip différent pour chaque jour de la semaine. Le sien représente chacune de ses victimes potentielles et pourchassées, et attention ! Le lecteur ou la lectrice pourrait bien à son tour devenir la proie de l’horrible bestiau. Le grand frisson avant l’éclat de rire, voilà le succès garanti.

Aux manettes de l’interprétation graphique, Elo joue à fond sur l’expressivité corporelle, la position des yeux, la direction des pupilles et mouvements et couleurs s’associent pour donner de cette fantaisie textuelle une image aussi dynamique qu’elle mérite. Côté palette, Elo s’amuse des contrastes entre un fond pastel guimauve côté comptines, le fond rouge brillant pour les apparitions du loup, des choix a priori convenus pour faire exploser le bazar en un panachage multicolore de personnages à la peau bleue, violette, noire, combattant mine de rien beaucoup de préjugés. Pour finir, seuls les cochons sont bien rose bonbon !

Beaucoup d’humour et de finesse, fausse naïveté et vraie malice dans ce recueil iconoclaste : grâce aux talents combinés des auteures, le loup fait peur et c’est normal, mais ses « victimes » sont plus futées et réactives que dans les contes originaux, comme en réponse au joli manifeste de Thomas Scotto publié au printemps 2022, Aux filles du contes.

Pour réviser et réinterpréter ces contes, voilà une ribambelle de culottes à user jusqu’à la corde pour rire et frissonner sans compter !