Les étonnants animaux que le fils de Noé a sauvés

Voici certainement l'album événement de cette fin d'année. On s'était régaler de la collaboration entre Martin Jarrie et Alain Serres, avec en 1995, Toc-toc Monsieur Cric-Crac, puis quelques années plus tard, avec Un petit air de famille, déjà aux éditions Rue du Monde. Pourtant, l'association de ces deux-là est rare et l'on ne peut que se réjouir de les voir de nouveau travailler ensemble pour ce grand album aux allures de fresque. Car ce livre a tout pour devenir très vite une référence en matière de littérature de jeunesse, de l'aventure, de la découverte et de l'humour, sans compter la patte très reconnaissable de Martin Jarrie, entre surréalisme et fresques historiques sortie de nul part. Et l'intrigue de cet album surgit bel et bien de notre mémoire la plus enfouie pour apparaître remplie de couleurs et de découpage. Tandis que le déluge recouvre peu à peu la terre d'au, Noé et sa femme essaient de convaincre un à un tous les animaux de monter dans l'arche. Pendant ce temps là, leur fils au doux prénom d'Imaginoé, dessine. Il dessine ainsi tous les animaux qu'il voit passer, mais surtout ceux de sa création. S'en suit 8 double pages où le jeune lecteur pourra découvrir tous les animaux dessinés par ce fils plein d'imagination. Voici donc des animaux bien réels et répertoriés où systématique vient se glisser un intrus rêvé et inventé par Imaginoé. Chaque vignette peinte par Martin Jarrie est accompagnée une courte phrase où s'entrecroisent poésie et interrogation pleine de fantaisie.
L'album propose ainsi au jeune lecteur non seulement de découvrir une faune entre réel et imaginaire, mais également de participer à la recherche de la différence que ce soit par le texte ou par l'image. Un lecture active et tendre en somme qui se résume par une double page en fin du livre où, se deux battants, le lecteur pourra retrouver l'arche imaginaire à l'abri du déluge d'un fils si inventif. Alain Serres et Martin Jarrie nous invitent ici à un fantastique voyage au royaume du rêve et de l'utopie. Merci.

Octobre 2001