Vide-grenier

« Tu as vu chéri, c’est la brocante ce week-end… ». Petite remarque en passant, dite sur le ton de l’invitation indirecte à faire quelque chose « [le grenier] est plein de vieilleries qui ne servent plus à rien depuis des années. » Monsieur lit au bout du canapé. Son air interrogatif dit assez vite que l’idée ne lui plaît guère. Dans le confort de son salon peuplé de chats, sa perplexité vaut réprobation. « Des vieilleries… ? Je ne vois pas de quoi elle parle. » Pour montrer sa bonne volonté peut-être, il grimpe l’escalier et à genoux dans le grenier, le passé lui saute au visage. Dans le bric-à-brac, à la recherche des « vieilleries », il se retrouve nez-à-nez avec l’enfant qu’il était. Les jeux et jouets qu’il découvre ressuscitent le passé : un tambour, une voiture à pédales, une canne à pêche… Au fil des trouvailles, le grenier s’anime et les fils du temps se nouent. Le petit théâtre de la mémoire se met en route et chaque saynète se termine par l’impossibilité de se séparer du jeu considéré. Train, trampoline, cheval de bois… tout un univers de petit garçon comblé se déroule jusqu’à la chute finale très drôle et d’assez mauvaise foi !

A cette jolie comédie de Davide Cali, où beaucoup d’entre nous se reconnaitront, Marie Dorléans apporte la finesse de son trait, l’air ahuri de son personnage qui le rend crédible et la folie qui s’empare de lui au fil des découvertes. Comédie douce-amère, Vide-grenier, apporte un regard tendre et un peu grinçant sur les relations dans le couple, la part d’enfance qui persiste, les petits arrangements que l’on fait avec soi-même. On laissera à chacun, petit ou grand, le choix et le plaisir de son interprétation dans cet album d’une grande richesse.