Une fille de perdue c’est... une fille de perdue

Subitement, méchamment, Marcel l’introspectif se fait larguer par la belle et vivante Aurélia. Sur un ton caustique qui cache la souffrance, il revit en boucle leur histoire. Il veut la récupérer, ou bien se venger, il ne sait pas. D’abord moqueurs, ses copains se mobilisent pour le sauver de la dépression qui le guette. Mais un autre genre de danger attend Marcel chez lui, tous les jours, dans la maison où il vit seul avec sa mère. Parti il y a trois ans, son père sera-t-il à la hauteur ?

Cela commence à la façon d’un roman ado sentimental classique, écrit d’une langue acérée, sur un ton pointu dont on savoure la moindre saillie. Et puis Claire Renaud introduit un second thème, dramatique, insupportable. Le passage de l’un à l’autre se fait à la fois brutalement et naturellement, comme si nous plongions réellement dans la vie et la tête de Marcel. La petite lâcheté du séducteur malheureux se transforme en courage extraordinaire. Mais le héros reste un mineur qui a besoin des adultes. Ces derniers seront au rendez-vous, lui permettant de se consacrer pleinement à ce qui fera le sel de sa vie d’adulte : les copains et les filles ! Un superbe roman qui dit les choses les plus horribles telles qu’elles sont, mais sans en faire tout un plat, ou plutôt en le poivrant bien pour nous faire finalement sourire.