Un monstre est entré dans ma vie

La nuit, dans la solitude de sa chambre, Gustave connaît bien le monstre de ses cauchemars. Mais ce jour-là, le monstre est là, avec lui, sous ses paupières, à l’école. De retour à la maison, les parents sont absents. Nora, la baby-sitter, explique que les parents sont à l’hôpital pour accompagner Théo le petit frère qui a avalé les bulles de savon de Gustave.
Petit à petit, Nathalie Kuperman dévoile la situation. La peur du noir, sujet habituel de la littérature enfantine cache une autre question : Théo prend trop de place, Gustave envie l’attention qu’on lui porte et le trouve vraiment « moche et agaçant ».
Les parents rentrent et Gustave se sent toujours délaissé. Au petit matin, Théo le petit frère « l’accuse » d’avoir voulu l’assassiner… Il s’agit d’un combat muet entre 2 frères ou plutôt le poids de la culpabilité du plus grand qui lui pourrit la vie. Les parents, innocents, ne soupçonnent pas la tempête sous le crâne du grand Gustave.

Nathalie Kuperman traite son sujet comme une tragédie, tel qu’il est vécu par l’enfant. Un lieu unique ou presque, peu de personnages, un temps très court : il s’agit vraiment d’une crise. Gustave est pris au piège de sa jalousie, enfermé en lui-même. On accompagne Gustave pas à pas, le lecteur découvre en même temps que lui, au fil de son débat intérieur, pourquoi il est si mal, qui est le monstre. La tension vive, bien construite, souffre d’une mise en situation et d’un dénouement un peu faibles. Le duo formé par Gustave et Théo, les parents sont bien dessinés mais l’intrigue à laquelle on adhère difficilement peut porter préjudice au sujet, important pour de nombreux enfants.