Les aventures d'Alexandre le gland

Dès la première de couverture Les Aventures d’Alexandre le gland, Olivier Douzou annonce la couleur : une histoire sous forme d’épopée, comme celle d’Alexandre le Grand mais avec humour, jeux de langue et autodérision, comme il sait si bien le faire. Le gland, c’est l’aventure d’un akène que le lecteur suit jusqu’à ce qu’il devienne arbre mais c’est aussi son fort accent, les « r » roulés, qui fera toute la richesse de ce texte. Effectivement, le lecteur devra lire le texte avec différents jeux de langue et accents : en « r » roulé, en nez bouché, en escargot… La lecture n’est donc absolument pas linéaire. Elle est rythmée par ces jeux mais aussi par les apostrophes successives envers le lecteur. Le célèbre récit de Collodi Pinocchio commence ainsi : « Il était une fois… - Un Roi ! s’écrieront aussitôt mes petits lecteurs. Non, les enfants, vous vous trompez. Il était une fois un morceau de bois ». Chaque apostrophe est donc un clin d’œil parodique aux morales qui jonchent le roman de Collodi. En filigrane, tout au long du texte, Olivier Douzou établit des parallèles entre ces deux histoires. C’est alors que le ver croisé au début, Philotas (également grand compagnon d’Alexandre Le Grand et l’un de ses officiers), est une sorte de Jiminy Criquet, comma dans l’histoire de Collodi, sa bonne conscience. A la fin, il devient mouche et prend les traits exacts de ce fameux Jiminy Criquet avec son chapeau, sa canne et son costume. On trouve également une référence à l’épisode de la baleine. Quand Alexandre se trouve coincé dans la « truffe », il doit s’en sortir coûte que coûte comme Pinocchio et Geppetto du ventre de la baleine. Enfin, les oreilles d’Alexandre poussent quand il commence à se transformer en arbre tout comme les oreilles d’âne de Pinocchio quand il se transforme en baudet.

On lit donc Les aventures d’Alexandre le gland comme on lirait un conte, Pinocchio ou Alice au pays des merveilles. A chaque chapitre, Alexandre fait la connaissance d’un animal ou d’un végétal, voire d’un personnage fantastique, qui l’aide à continuer son chemin. C’est une sorte de récit initiatique qui conduit notre personnage à accomplir son devoir de gland, devenir arbre. Conte, épopée ou fable d’ailleurs. On y voit aussi quelques clins d’œil aux Fables de La Fontaine. Ce cher Alexandre croise des animaux comme ces fourmis pas très prêteuses et parle la plupart du temps en alexandrin. La forme classique de cette histoire se retrouve jusque dans la mise en page et l’illustration : utilisation du crayon gris, dos toilé et marque-page rouge.

Toutes ces références, ces jeux de langue en font un livre riche que les enfants liront très jeunes avec leurs parents comme une grande aventure pleine d’humour, et reliront plus tard, seuls, en comprenant au fur et à mesure les multiples références historiques et littéraires.