Le Pirannosaure

Le petit Pirannosaure cache bien son jeu. Malgré sa jolie robe rose, il imagine toujours le pire. C’est sur cette opposition entre tyrannosaure, censé être terrible, et son pessimisme foncier que se construit l’album.

Page de droite, le texte énonce sa vision catastrophiste sur le monde et, page de gauche, l’illustration dépeint l’opposé. De la confrontation naît l’humour et le jeu de lecture puisqu’en regardant l’image le lecteur se demande s’il a bien lu. « Tiens le temps se couvre. », dit le récit. Pas du tout ; la plage resplendit de soleil, les baigneurs jouent dans l’eau et sous leur parasol, les gens se reposent. De dos, immense, le Pirannosaure contemple le spectacle avec circonspection. Devant un plat de semoule plus gros que lui, notre héros se désole... « J’ai l’intime conviction qu’il n’y aura pas assez de semoule. » dit-il. Pour être sûr de ne pas être mouillé par la pluie, il sort avec parapluie et un scaphandre, « Prudence » et pour être sûr de se sauver, il saute dans l’espace avec une bonne dizaine de parachutes ! Devant la Joconde, il est tenté de la détruire par le feu parce que « ça ne plaira à personne ».

Les saynètes construites sur le même principe engendrent un comique de répétition qui enfle au fur et à mesure de la progression, et les situations cocasses s’accumulent jusqu’à ce qu’on rit de la mort du Pirannosaure. Celui-ci doute de sa pérennité et pourtant sa présence au muséum d’histoire naturelle fait se presser les visiteurs.

La simplicité d’un trait noir sur la page blanche, le rose vif du personnage, l’utilisation de la photo qui s’insère de-ci de-là, tout contribue à la fantaisie décontractée de l’histoire de Julien Baer et Philippe Katerine. Pour couronner le tout, les jeunes lecteurs aimeront la chanson du Pirannosaure aux allures guillerettes. Une invitation à la lecture d’album où le sens se construit entre texte et images, une initiation aux principes comiques, et un moment agréable à passer en bonne compagnie !