L'année solitaire

Victoria (Tori) Spring se définit elle-même comme « misanthrope et pessimiste ». Elle n'a pas forcément de tendances suicidaires, mais tout l'indiffère. La jeune fille dissèque ce qui l'entoure et porte un regard sarcastique sur le lycée, y compris sa meilleure amie, la populaire Becky. Le lecteur profite à fond de cette narration interne parfois drôle, jusqu'à l'arrivée de Michael Holden. Grand lecteur, patineur de compétition, et surtout éternel étonné qui détonne, il va forcer le cœur de Tori pour devenir son ami, puis son petit ami. Tori s'en défend, bien sûr, mais les faits sont là. Michael a mis le doigt là où ça fait mal, c'est-à-dire sur la peur du changement, la peur des émotions de Tori – elle n'est pas pour rien le petit flocon de neige ciselé de la couverture, alors que les autres ne sont que des gros duvets.

Et puis, l'observatrice adolescente est perturbée par « Solitaire », un collectif anonyme qui envahit les écrans du lycée en diffusant des messages subversifs. Elle prend à cœur de comprendre le pourquoi du comment de ce « Solitaire », qui semble s'adresser à elle et devient de plus en plus violent, impliquant même Charlie, son frère aîné adoré, à la fois grand angoissé du quotidien et homosexuel fier de l'être. Raconté au présent, le récit intrigue et emporte, tranches de vie pourtant banales, mais dont on sent qu'un rien pourrait les faire basculer. Malgré tout, Tori a les épaules solides, elle est bien entourée et saura finalement apprendre à grandir. Un roman adolescent tout à fait original.