La fosse au loup

Cela fait des années que Blanche et Lucie n'ont pas revu leur père. Dans le train qui les emmène vers cet homme malade (il souffre d'hallucinations), elles n'échangent aucune parole, appréhendant silencieusement cette visite encouragée par leur maman. Celui qu'elles appelaient papa habite seul et reclus dans une maison isolée (un taudis) en bordure d'une forêt. Après un voyage interminable, la rencontre se passe mal, l'homme rejette ses filles et s'enfuit. Restées seules, les adolescentes se serrent les coudes et osent enfin parler d'elles, de leur relation inexistante depuis la décompensation de leur père. Elles passent le reste de la nuit à entretenir le feu qui leur sert de chauffage en attendant le lever du jour, synonyme de retour à la case départ. Mais rien ne se passe comme prévu…

A travers le portrait de ce père de famille marginal, Alexandre Chardin dépeint avec réalisme la souffrance et les dommages collatéraux induits par une maladie psychique. La difficulté de conserver des liens avec les proches est très habilement traitée. Dans cette famille éclatée, plus personne n'arrive à communiquer, mère et filles cohabitent sans vraiment se parler. Face à la maladie de leur père, Blanche et Lucie réagissent chacune à leur façon. L'aînée, fragile, fuit la situation. A l'inverse de sa cadette qui tente, patiemment, d'apprivoiser son père dans le but de le faire sortir de son trou pour le rendre à la vie. La fin, ouverte, permet d'imaginer tous les scénarios possibles. Un roman à l'écriture cinématographique sur un sujet sensible et rarement traité en littérature jeunesse.