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Lis ma vie: 14 ouvrages biographiques à destination de la jeunesse

Le documentaire jeunesse 2

Mission Léonard de Vinci
Ricochet
20 octobre 2020

Pour ce deuxième numéro de notre dossier, nous vous proposons de découvrir des biographies de personnages historiques plus ou moins connus à travers une sélection d'ouvrages documentaires qui nous ont particulièrement plu, tant par la diversité de leur forme que par la façon d'aborder la vie des protagonistes.


1. Marie Curie, de Frau Isa et Maria Isabel Sánchez Vegara, Kimane, collection Petite et Grande, 2018
Documentaire, dès 5 ans

Qui sont les femmes qui ont marqué l’Histoire et qu’ont-elles accompli? La collection Pequeña & Grande, créée en 2014 et publiée par Alba Editorial (Barcelone), répond à ces questions en faisant découvrir aux enfants des artistes, aventurières, scientifiques qui sont sorties des sentiers battus et ont réalisé leur rêve. La collection met un point d’honneur à établir des liens entre l’enfance de ces femmes (caractérisée par la curiosité, l’inventivité, la persévérance, le courage) et leurs accomplissements ultérieurs. Greta Thunberg, Simone de Beauvoir, Anne Frank, Frida Kahlo et d’autres sont présentées de façon simple et poétique. Depuis 2018, la collection accueille aussi des vies d’hommes comme celles de Martin Luther King ou de Mohamed Ali (Pequeño & Grande). Les textes de Maria Isabel Sánchez Vegara (aussi directrice de la collection) et de Libeth Kaiser sont accompagnés par des illustrations de créatrices différentes pour chaque ouvrage et traduits en plusieurs langues (notamment en français – Petite & Grande – et en anglais – Little People, BIG DREAMS, Quarto Kids).

Le livre dédié à la vie de Marie Currie m’a particulièrement plu pour ses illustrations, réalisées par Frau Isa dans des tons très doux. Un vrai régal pour les yeux! L’incipit annonce d’emblée la couleur: «Quand elle était petite, Marie s’était fait une promesse: celle de devenir une scientifique plutôt qu’une princesse». Pour s’inscrire à l’université, elle se voit contrainte de quitter son pays natal car la Pologne n’autorise pas les femmes à étudier. Une fois à Paris, un second obstacle se présente à elle: l’apprentissage du français. Mais Marie Currie est une femme déterminée. Elle parvient à se relever après la mort de son bien-aimé mari et leur découverte du polonium et du radium se verra récompensée par deux prix Nobel. La scientifique termine sa carrière dans un institut parisien, où elle aide des jeunes filles à trouver leur chemin: «Elle leur apprit surtout qu’il ne faut pas avoir peur de suivre ses rêves et d’écouter son cœur». (CS)

Marie Curie
«Marie Curie», de Frau Isa et Maria Isabel Sánchez Vegara (© Kimane)

2. Einstein, sur un rayon de lumière, de Jennifer Berne et Vladimir Radunsky, Les éditions des éléphants, 2017
Album, dès 6 ans

En voilà un joli album qui – c’est le cas de le dire – met en lumière un des plus éminents scientifiques de l’Histoire! De manière classique, le livre s’ouvre sur la naissance d’Einstein et se termine par sa mort et l’héritage laissé à la postérité. Entre-deux, la vie de ce personnage singulier nous est racontée chronologiquement au fil des pages regorgeant d’anecdotes.

Un bon tiers de l’ouvrage est consacré à l’enfance et à la jeunesse d’Einstein, choix qui nous a semblé particulièrement judicieux, puisque cela permet, d’une part, aux enfants d’entrer plus facilement dans le récit (en s’identifiant aux situations) et, d’autre part, aux éventuels adultes accompagnant la lecture de découvrir un pan méconnu de la biographie du père de la théorie de la relativité. On apprend notamment que le jeune Albert souffrait d’un retard du langage, ce qui ne l’a pas empêché d’être un enfant curieux et extrêmement observateur. Son amour pour la science naît le jour où son père lui offre une boussole: l’étrange objet, qui fascine le futur prix Nobel de physique, ne se contente pas d’indiquer le nord, il guide aussi le petit Einstein vers son destin d’homme de science: «Soudain, il sut qu’en ce monde il y avait des mystères, de ces mystères cachés, silencieux, inconnus et invisibles. Il décida alors que, plus que toute autre chose, il voulait les comprendre».

Plus on avance dans la lecture, plus la personnalité d’Einstein se révèle: à travers les mots et les images, les auteurs nous parlent de l’amour d’Einstein pour les nombres, qu’il considérait comme un langage à part entière, la musique et les glaces; de sa lubie de porter des chaussures sans chaussettes; de ses longues balades en bateau à voile stimulant sa réflexion. En parallèle, certaines de ses découvertes scientifiques sont expliquées à hauteur d’enfant, avec des mots relativement simples. Parfois, l’illustration aide à la compréhension, comme dans le cas de la double-page au style «pointilliste» consacrée aux atomes.

Ce qu’on retiendra également de cette lecture, c’est l’importance de s’étonner, se questionner, imaginer, qu’on s’appelle Albert Einstein ou monsieur et madame Tout-le-monde. La dernière double-page, d’ailleurs, abandonne la focalisation sur la figure d’Einstein pour s’adresser à tous les enfants: «Par tes interrogations, tes réflexions et ton imagination, peut-être qu’un jour ce sera toi qui répondras à ces questions…». Une belle manière de conclure l’album.

Notons encore qu’à la fin de l’ouvrage l’auteure propose une brève bibliographie, ce qui est toujours bienvenu dans un livre à caractère documentaire.

En conclusion, plus qu’une biographie au sens strict du terme, Einstein, sur un rayon de lumière est un recueil d’instants de vie et d’anecdotes qui permet aux enfants de faire connaissance avec un personnage historique important! Evidemment, tous les aspects de la vie et de la carrière d’Einstein ne sont pas évoqués, comme l’explique l’auteure dans la note finale, mais gageons que le livre piquera la curiosité du jeune lecteur et qu’il voudra en savoir davantage! 

Chez le même éditeur, nous vous recommandons chaleureusement la lecture de l’album Rien n’arrête Sophie, qui retrace le destin de Sophie Germain, une femme devenue mathématicienne à une époque où la profession était exclusivement exercée par des hommes. (DT)

Einstein sur un rayon de lumière
Couverture et image intérieure de «Einstein, sur un rayon de lumière», de Jennifer Berne et Vladimir Radunsky (© Les éditions des éléphants)

3. Kini, le monde à bras le corps: une biographie d’Ella Maillart, d’Ingrid Thobois et Géraldine Alibeu, A pas de loups, 2019
Documentaire, dès 8 ans

Roman graphique retraçant la vie de l’aventurière suisse Ella Maillart, Kini, le monde à bras le corps éblouit d’abord par les couleurs riches et chaleureuses que revêt sa couverture. Une couverture à l’image de la protagoniste qui, posant de manière sûre et décontractée à la fois, a elle aussi mené une vie haute en couleurs!

«L’impossible recule devant celui qui avance!»

Voilà en quelques mots, prononcés par l’héroïne elle-même, comment pourrait se résumer le parcours «hors-piste» d’Ella Maillart qui, malgré une santé d’abord fragile, sort très tôt des sentiers battus: Ella fume la pipe, porte des pantalons, et devient même l’une des premières femmes de son époque à faire de la compétition sportive! Mais son plus grand rêve, nourri par sa passion pour les livres d’aventure, est celui de voyager. Dès ses 18 ans, elle part alors (seule!) à la découverte de l’Europe, puis de l’Asie, pour le plus grand plaisir du lecteur, qui la suit au fil de ses expéditions à travers les illustrations vives (et vivantes) de Géraldine Alibeu.

Récit exaltant d’une vie gorgée de liberté, cet ouvrage teinté de réalisme n’oublie pas pour autant d’évoquer les différents obstacles qu'a dû franchir cette grande dame afin de réaliser ses rêves: après avoir enchaîné de nombreux boulots, c'est surtout (et à contrecœur) en interrompant ses voyages pour les écrire qu’Ella pourra garder son indépendance.

Grand bol d’air frais, ce récit offre une belle leçon de vie et invite le lecteur (petit ou grand) à, lui aussi, aller «là où les gens ne vont pas». (EC)

Kini et Frida
«Kini, le monde à bras le corps: une biographie d'Ella Maillart», d'Ingrid Thobois et Géraldine Alibeu, et «Frida Kahlo», d'Isabel Thomas et Marianna Madriz (© À pas de loups / Gallimard Jeunesse)

4. Frida Kahlo, d’Isabel Thomas et Marianna Madriz, Gallimard Jeunesse, collection Les grandes vies, Paris, 2018
Documentaire, dès 8 ans

«Pourquoi Frida Kahlo est-elle une icône?» Ce petit livre aux couleurs vives répond à la question en retraçant la vie de la célèbre artiste mexicaine. Depuis son enfance, Frida n’a pas peur d’être différente et elle est mue par une féroce volonté d’exister. La vie ne sera pourtant pas tendre avec elle et les malheurs vont se succéder: la polio durant son enfance, un terrible accident à l’adolescence, une santé qui restera toujours fragile. Ses rêves se brisent à de nombreuses reprises, mais elle trouve une raison de vivre et un réconfort dans l’art. Les faits sont quelque peu atténués et décrits de manière sensible afin d’être adaptés aux enfants. Toute l’histoire délivre un message important: «le courage, l’espoir et la passion peuvent nous aider à surmonter tous les obstacles».

Au fil des pages se dessine également la plus grande histoire d’amour de Frida Kahlo: celle qui la lie à son pays. Le vert et le rouge du drapeau mexicain illustrent chaque dessin et se retrouvent également dans les polices d’écriture. En hommage aux œuvres de l’artiste, l’illustratrice Marianna Madriz réalise des portraits de Frida à tous les âges, mettant particulièrement en valeur ses célèbres sourcils. Elle réinterprète également certains tableaux connus, tels que Les Deux Frida.

A l’instar des autres portraits qui constituent la collection Les grandes vies (Anne Frank, Nelson Mandela, Marie Curie, etc.), ce livre est très didactique. Les faits historiques sont expliqués simplement et certaines œuvres sont décrites afin d’en faciliter la compréhension. L’ouvrage se termine par un glossaire et une chronologie liant les faits marquants de la vie de Frida à ses toiles. (EP)

5. Charles et moi, d’Emmanuelle Grundmann et Giulia Vetri, La cabane bleue, collection Mon humain et moi, 2019
Album, dès 8 ans

Comme l'annonce le titre, Charles et moi décrit d’abord l’histoire d’un duo, d’une amitié qui se crée entre Charles et Aglaé. Amitié peu ordinaire, puisque «Charles» n’est autre que Charles Darwin et «Aglaé» un poulpe que le célèbre naturaliste britannique a recueilli lors d’un de ses voyages en mer!

Premier ouvrage de la collection Mon humain et moi, dont la caractéristique est de proposer des biographies de figures historiques racontées par leur animal de compagnie, cet album offre donc un aperçu plus intime de la vie de Darwin à travers les yeux de son compagnon à huit bras. Les deux protagonistes s’observent, apprennent à se connaître, et c’est sous les yeux du lecteur que naît leur complicité: tandis que Darwin confie avec enthousiasme ses découvertes à Aglaé, ce dernier lui offre son encre pour qu’il puisse les inscrire sur papier et ainsi composer ce qui deviendra la fameuse Origine des espèces... C’est donc un Charles Darwin passionné (et passionnant) qui nous est décrit, et les réflexions qu’il partage avec son poulpe sauront sans doute éveiller la curiosité du jeune lecteur avide d’en savoir plus sur l’évolution des espèces vivantes.

Mais à travers cette tonalité scientifique, c’est aussi plus généralement un regard plein de bienveillance porté sur la nature et les êtres vivants qui la composent qui teint l’ensemble de l’album. «Avec cette collection de docu-fiction, on revient au sens premier du mot “écologie”, qui met en lumière les relations entre les espèces et, ici, la complicité particulière qu’ont partagée un humain et un animal,» nous expliquent les éditrices de La cabane bleue lors d’une interview pour Ricochet. Et ce ton écologique va au-delà du récit, puisque l’ouvrage lui-même est réalisé dans le respect de l’environnement (papier issu de forêts durablement gérées, couverture non pelliculée, et encre à base végétale).

Enfin, douces et contrastées à la fois, les illustrations poétiques de Giulia Vetri offrent des superpositions de couleurs propices à l’évocation de la profondeur des eaux que traversent les deux protagonistes au cours de leur voyage, et participent au charme de cet album pour en faire un ouvrage complet, aussi bien dans le fond que dans la forme. Une belle découverte! (EC)

Charles et moi
Couverture et image intérieure de «Charles et moi», d’Emmanuelle Grundmann et Giulia Vetri (© La cabane bleue)
6. Ernest Pignon-Ernest: comme des pas sur le sable, de Rémi David et Ernest Pignon-Ernest, A dos d’âne, collection Des graines et des guides, 2020 (réédition)
Documentaire, dès 8 ans

Le livre Ernest Pignon-Ernest: comme des pas sur le sable présente le parcours artistique de ce dernier. Mais qui se cache donc sous cet étrange pseudonyme? Les livres d’histoire de l’art général et les connaissances populaires semblent ignorer son existence. Heureusement, les éditions A dos d’âne viennent remettre sur le devant de la scène cet artiste du XXe siècle. Ce dernier, d’origine française, s’est produit dans le milieu du street-art en utilisant d’abord la technique du pochoir, puis celle de la sérigraphie. L’ouvrage, grâce à son titre, rappelle dès sa couverture sa démarche artistique qui est la suivante: «sur la plage, ils [les pas sur le sable] sont la marque d’une personne qui est passée mais n’est plus là, comme son travail expose sur les murs la trace de ce qui a disparu» (p. 25). En effet, l’artiste, au travers de ses œuvres affichées sur les murs de la ville, souhaite dénoncer les injustices et catastrophes sociales que les Etats tentent de dissimuler ou d’ignorer tels que les régimes autoritaires, le sida, l’armement atomique, etc. En outre, ses œuvres, qui subissent les intempéries, sont éphémères comme les pas sur le sable.

L’ouvrage très bien construit présente tout d’abord la biographie de l’artiste enrichie de reproductions de ses œuvres les plus emblématiques. La seconde partie, quant à elle, présente un dossier documentaire constitué de repères chronologiques et d’un glossaire. On y trouvera également quelques explications supplémentaires sur la technique de la sérigraphie, sur le street-art et sur les différents engagements de l’artiste. Cet ouvrage enrichira la culture artistique et historique de chacun en faisant découvrir un artiste précurseur du street-art.

Si la découverte d’Ernest Pignon-Ernest a attisé votre curiosité quant aux artistes peu connus, sachez que la collection Des graines et des guides propose également, entre autres, la biographie de Hundertwasser, un peintre et architecte, et de Robert Desnos, un poète surréaliste. (SF)

7. Cléopâtre: 50 drôles de questions pour la découvrir!, d’Anne Terral et Zelda Zonk, Tallandier, collection Cétéki?, 2018
Documentaire, dès 9 ans

Cléopâtre: femme historique la plus célèbre de l’Antiquité? Elle est pourtant encore souvent connue uniquement pour sa beauté, sa liaison avec César et ses bains de lait d’ânesse… Si vos connaissances aussi s’arrêtent là, il est temps de vous plonger dans cet ouvrage documentaire illustré qui, au fil de 50 questions – factuelles, drôles ou plutôt ludiques – retrace la biographie de Cléopâtre, de sa naissance (Q. 1 «Quelle est la civilisation qui a vu naître Cléopâtre?»), jusqu’à sa postérité (Q. 50 «Comment Cléopâtre est-elle devenue une star?»).

La richesse des informations recueillies, par le biais des thématiques traitées, permet d’en apprendre davantage sur le destin fascinant de Cléopâtre, en même temps que sur le contexte géographique, historique et politique de l’Égypte antique. La réponse à chaque question est développée sur une double (parfois triple) page et un ton sérieux et ludique à la fois, avec des illustrations à fonction humoristique ou didactique (infographie, carte géographique, jeu, chronologie, etc.). L’ouvrage contient également des encadrés appelés «Le saviez-vous?», qui donnent aux jeunes lecteurs·trices des informations de culture générale ou leur fournissent une définition de certains concepts plus complexes, tel que celui de «guerre civile».

La volonté didactique de l’ouvrage se ressent dans l’ensemble du documentaire, notamment par la présence d’un glossaire et d’une partie «quiz» en fin d’ouvrage. L’Égypte ancienne étant quasi systématiquement abordée dans le cursus scolaire obligatoire, l’ouvrage s’avère être un outil pédagogique intéressant pour apprendre tout en s’amusant. Il s’agit d’une promesse très bien tenue, puisque chacune des questions est abordée sous un angle différent, permettant de varier les contenus et de rendre la transmission des informations riche et digeste pour un jeune public. À titre d’exemple, à la question 42 «Qui gagne la bataille navale d’Actium?», la description de la célèbre bataille est accompagnée d’une infographie illustrant les forces des deux armées au moment de la bataille. Ceci permet notamment de comprendre l’implication matérielle et humaine d’une guerre à cette époque, de s’arrêter sur les caractéristiques des deux armées pour les comparer, voire d’établir un pronostic avant de lire le dénouement à la page suivante. 

Vous savez déjà tout sur Cléopâtre? Les collections Cétéki? et Cétékoi? de Tallandier reprennent le principe des 50 questions, pour vous en apprendre davantage sur d’autres personnages ou moments importants de l’Histoire: La Première Guerre mondiale, Léonard de Vinci, Jeanne d’Arc, Les Gaulois, ou encore Louis XIV. (VM)

Cléopâtre: 50 drôles de questions pour la découvrir!
Couverture et image intérieure de «Cléopâtre: 50 drôles de questions pour la découvrir!», d’Anne Terral et Zelda Zonk (© Tallandier)
8. Aimé Césaire: le poète prophète, de Kidi Bebey et Isabelle Calin, Cauris Livres, collection Lucy, 2013
Documentaire, dès 9 ans

Avec Aimé Césaire: le poète prophète, édité chez Cauris livres, nous découvrons la vie de l’écrivain martiniquais (1913 2008), de son enfance aux Antilles à son retour en Martinique où il termine sa vie, en passant par ses études à Paris. La première partie de l’ouvrage met en avant deux facettes de son parcours littéraire, le côté poétique et le côté prophétique, comme l’indique le titre de cet ouvrage documentaire. Pour ce premier aspect, le récit ramène à notre mémoire l’écrit le plus célèbre d’Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal (1939, éditions Présence africaine, réédition 1947), où il conte ses souvenirs liés à son île d’origine comme dans «un immense cri!» (p. 23). Concernant l’aspect prophétique de cet homme de lettres, le lecteur découvre qu’il a inventé le terme et le concept de «Négritude» (1934 1939) qui est pour lui une manière de dire que «Les Noirs peuvent être fiers d’être noirs et qu’ils sont aussi importants que les Blancs. […] ils sont avant tout des hommes, comme tous les autres hommes» (p. 20). Grâce à la création de cette expression, il a fédéré un mouvement de résistance face aux assauts racistes du XXe siècle. La deuxième partie du livre est composée d’annexes encyclopédiques qui présentent quelques aspects de sa vie, comme la dimension politique de son parcours, et une brève explication sur les Antilles. Finalement, l’ouvrage se clôt sur une chronologie qui reprend les étapes importantes de sa vie.

Aimé Césaire: le poète prophète aborde avec un vocabulaire simple et de très belles illustrations la vie de ce dernier et surtout son engagement pour défendre les Noirs de la discrimination européenne. La lecture de cet ouvrage à la grammaire simple est une belle entrée pour aborder ces problématiques avec de jeunes enfants. Le découpage du récit, qui présente un épisode différent à chaque page, permet aux plus jeunes de comprendre les engagements de l’auteur martiniquais. Néanmoins, la lecture devra être accompagnée d’un adulte pour une explication plus approfondie des éléments historiques, comme la raison de l’émigration de Césaire en France pour la suite de ses études ou la nécessité de célébrer l’identité et la culture africaine en Europe au XXe siècle, par exemple. Aimé Césaire: le poète prophète est une belle découverte en littérature jeunesse dont les réflexions suscitées trouveront un prolongement avec la lecture de Léopold Sédar Senghor, le poète-président du Sénégal édité par la même maison d’édition, également dans la collection Lucy. (SF)

9. Mission Léonard de Vinci, d’Emmanuelle Kecir-Lepetit, Fleurus, collection Le docu dont tu es le héros, 2018.
Livre-jeu, dès 10 ans

Et si vous découvriez la vie et l’œuvre de Léonard de Vinci comme si vous aviez vécu au 16e siècle et l’aviez connu? C’est le parti pris de ce livre. Comme son nom l’indique, il est conçu sur le modèle du Livre dont vous êtes le héros, qui a pour principe de proposer au lecteur un début d’intrigue et de lui offrir ensuite la possibilité de faire différents choix pour continuer l’aventure, lui permettant ainsi de prendre part à l’histoire de manière plus active.

Avant le récit à proprement parler, l’ouvrage débute par une petite explication du fonctionnement du livre. S’ensuit une présentation du personnage que le lecteur va incarner et de sa mission, une mise en contexte historique et géographique, ainsi que quelques informations sur des personnages importants de l’époque que le héros risque de rencontrer lors de son périple.

Le lecteur se retrouve ainsi dans la peau d’un jeune garçon de 15 ans qui arrive à Florence pour entrer en apprentissage auprès de Léonard de Vinci. Au fil de l’aventure et en fonction de ses choix, le lecteur découvrira l’atelier de l’artiste, l’ambiance des tavernes à la nuit tombée, ou parcourra la campagne toscane. Il aura le choix d’en apprendre davantage sur tel ou tel aspect de l’œuvre de Léonard (les techniques picturales, sa collection de papiers et de dessins) ou de continuer l’aventure, l’astuce de l’ouvrage étant d’encourager le lecteur à prendre le temps de parfaire ses connaissances puisqu’elles lui seront utiles par la suite pour élucider une énigme ou se tirer d’un mauvais pas. Les possibilités d’intrigues sont nombreuses et les parcours très différents selon les choix faits par le lecteur. Les fins le sont également, puisqu’elles sont tantôt honorables (le héros devient le second de Léonard et l’accompagnera dans tous ses déplacements jusqu’à la fin de sa vie) tantôt catastrophiques (le héros dégrade la Joconde et ce chef d’œuvre ne verra jamais le jour). Ce concept offre ainsi la possibilité au lecteur de recommencer plusieurs fois le récit en explorant diverses facettes de la vie et de l’œuvre de l’artiste. Le livre est émaillé d’illustrations schématiques représentant les créations de Léonard (comme par exemple l’Homme de Vitruve), qui auraient toutefois gagné à être légendées pour plus de clarté. Un lexique expliquant certains termes ou donnant des précisions sur les techniques de peinture évoquées dans le récit complète cet ouvrage qui constitue une bonne entrée en matière, à la fois ludique et participative, de la vie et de l’œuvre de l’artiste.

Mission Léonard de Vinci est pour l’heure le seul volume de la collection Le docu dont vous êtes le héros à être consacré à un personnage historique; le lecteur pourra toutefois explorer différents univers en lisant d’autres récits de la même collection, comme par exemple Mission Moyen-âge ou Mission Pôle Nord, entre autres. (CF)

Mission Léonard de Vinci
Couverture et image intérieure de «Mission Léonard de Vinci», d’Emmanuelle Kecir-Lepetit (© Fleurus)
10. Molière vu par une ado et par son chien!, de Cécile Alix et Chadia Loueslati, Poulpe fictions, collection 100% bio, Paris, 2018
Roman, dès 11 ans

Inès, 12 ans, fan de slam, nous fait découvrir sa star préférée: Momo, alias Molière! Avec Snack son chien et ses camarades de classe, elle raconte la vie du célèbre dramaturge en 22 épisodes.

Ce livre épais est très foisonnant, tant au niveau de la forme que du contenu. Le parcours de Molière, raconté en détail, est émaillé d’anecdotes et de références historiques utiles. Inès résume certaines pièces en quelques mots ou commente des passages célèbres sur le ton de l’humour. Particulièrement ludique, l’ouvrage contient des passages de BD, de slam, de très nombreux dessins, des énigmes, des blagues, des jeux sur la typographie… Le livre est accompagné de vidéos sur Youtube et d'autres bonus sur internet, mais également de matériel pédagogique destiné aux enseignants.

En effet, sous couvert de son ton léger et drôle, empli de références à la pop culture, cette biographie très complète est une véritable mine d’informations pouvant aisément servir d'outil pour un travail scolaire. Grâce au découpage en chapitres courts et à des explications schématiques, le lecteur ne se perd pas dans le contenu qui peut avoir l’air trop fourni au premier abord. Un seul regret: le registre de langage très «djeun’s», qui ne conviendra pas forcément au goût de tout le monde…

Pour aller plus loin, des bonus et du matériel pédagogique sont disponibles sur le site de Poulpe fictions. 

Dans la même collection, 100% bio, les biographies de Léonard de Vinci, Einstein et Mozart, notamment, sont également publiées dans le même format. (EP)

11. Une résistante sauve des œuvres d'art: Rose Valland, de Mano Gentil, Oskar jeunesse, collection Histoire et société, 2016
Roman, dès 11 ans

Résistante, rebelle et courageuse: trois adjectifs qui caractérisent Rose Valland, un personnage peu connu du grand public, mais qui a joué un rôle majeur durant la Deuxième Guerre mondiale dans la récupération et la restitution des œuvres d’art pillées par les nazis.

Le récit débute en 1940. Les Allemands ont envahi le musée du Jeu de Paume et vont le transformer en lieu de transit dans lequel seront rassemblées des milliers d’œuvres d’art dérobées à des particuliers, des collectionneurs ou des musées et destinées à être envoyées en Allemagne pour alimenter les collections personnelles d’Adolphe Hitler et de ses hommes politiques les plus importants. Amoureuse des arts, Rose Valland, d’abord attachée de conservation puis directrice du musée, va, durant des années, référencer consciencieusement chaque œuvre transitant par le musée en notant ses caractéristiques, sa provenance et son lieu de destination. Un travail méticuleux et de longue haleine qui se révélera extrêmement précieux et qui permettra, à la fin de la guerre, de retrouver plus de 45'000 œuvres d'art volées par les nazis.

Dans ce récit romancé, on suit Rose Valland non seulement durant les années d’occupation de la France par l’Allemagne nazie, mais également durant les années d’après-guerre. Le lecteur apprend ainsi que son engagement s’est poursuivi après la libération et qu’elle s’est personnellement rendue en Allemagne sur la trace des œuvres volées, en collaborant étroitement avec les Monuments Men, une équipe composée de 350 experts en art et chargée de suivre les Alliés en Allemagne et en Autriche pour retrouver les œuvres d’art volées par les nazis. Quelques aspects plus personnels de sa vie sont également évoqués par l’autrice et montrent une autre facette de la personnalité de cette femme hors du commun.

Cet ouvrage est complété par plusieurs documents permettant au lecteur d’approfondir ses connaissances: un dossier qui développe les différents événements d’avant et d’après-guerre évoqués dans le récit, un lexique qui explique certains termes ou donne des précisions sur l’un ou l’autre personnage historique, et quelques références bibliographiques et filmiques, notamment le livre Le front de l'art: défense des collections françaises, 1939-1945 écrit par Rose et qui relate ses années de guerre.

Pour les lecteurs curieux d’en apprendre plus sur l’Histoire, la collection Histoire et société propose un large choix de romans permettant de découvrir différents personnages ou événements historiques d’époques diverses, et met notamment en lumière des aspects moins connus voire méconnus du grand public. (CF)

Rolle Valland & Greta Thunberg
«Une résistante sauve des œuvres d'art: Rose Valland», de Mano Gentil, et «Greta Thunberg: sauvons la planète!», d'Elise Fontenaille (© Oskar jeunesse)

12. Greta Thunberg: sauvons la planète!, d’Elise Fontenaille, Oskar jeunesse, collection Elles ont osé!, 2020
Documentaire, dès 11 ans

Greta Thunberg: un nom que vous avez certainement entendu à maintes reprises au cours des derniers mois, tant la jeune fille à couettes et au ciré jaune a souvent fait la une des médias (du moins avant la crise sanitaire liée au coronavirus). Sans doute vous êtes-vous fait un avis sur la personne. Il est possible que vous aimiez le courage et la détermination de cette adolescente hors du commun. Ou peut-être vous agace-t-elle, au point d’avoir lancé deux ou trois moqueries à son sujet au détour d’une conversation. Ce qui est sûr, c’est que la jeune Suédoise ne laisse pas indifférent. «Greta déclenche les passions: on l’adore ou on la hait» (p.28), écrit Elise Fontenaille, qui signe le livre que nous avons choisi de présenter dans cette notice.

L’écrivaine appartient au groupe des «adorateurs» et ne s’en cache pas. Dans Greta Thunberg: sauvons la panète!, elle opte pour la subjectivité, et c’est ce qui fait tout le sel de cet ouvrage qui se situe entre le documentaire et l’exercice d’admiration. D’ailleurs, deux voix alternent au fil des pages.

Tout d’abord, on trouve un narrateur à la troisième personne qui donne des informations et des faits intéressants sur la jeune militante. Il parle de sa famille, en particulier de Svante Thunberg, le papa, qui soutient sa fille et l’accompagne souvent lors de ses rencontres avec les «grands» de ce monde; il raconte la prise de conscience écologique de Greta et la grave dépression qui a suivi (elle n’avait alors que 10 ans); il évoque le syndrome d’Asperger, que la jeune fille considère comme une force et non pas comme un handicap; il décrit le fol engouement médiatique dont elle a fait l’objet. Aussi sort-on de cette lecture moins «ignorant», avec une image de Greta plus nuancée que celle véhiculée par certains médias.

Puis, de temps à autre, c’est Elise Fontenaille qui s’exprime directement, à travers l’usage du «je». Dans une langue savoureuse, elle décrit «sa» Greta: «[…] elle me fait penser à deux personnages de la littérature que j’adore: Bilbo le Hobbit et Fifi Brindacier. […] Bilbo pour l’héroïsme, la lutte contre les forces du mal, la petite taille aussi… Et Fifi, pour les nattes, l’étrangeté, et une force incroyable chez un enfant. Oui, Greta, pour moi, c’est Bilbo Brindacier» (p. 7). Les incursions du «je» sont toujours bienvenues et, derrière les mots de l’écrivaine, on devine beaucoup de bienveillance et de respect pour cette adolescente sérieuse et timide, propulsée malgré elle sous les feux des projecteurs. Contrairement à beaucoup d’adultes, Elise Fontenaille n’affiche aucune condescendance: elle prend Greta au sérieux et en fait même un modèle. «Mais voilà, mes maîtres à penser, c’est Greta et Alexandria[1]. Alors pour moi, l’avion, c’est fini» (p.38). C’est de cette manière qu’Elise Fontenaille conclut son récit: une bonne résolution ainsi qu’une sacrée leçon d’humilité.

Pour les curieux, des extraits des discours de Greta Thunberg sont placés en fin d’ouvrage (pp. 41-53). 

Ce titre est paru dans la collection Elles ont osé! chez Oskar jeunesse qui compte d’autres biographies de grandes femmes: Dorothy Counts: affronter la haine raciale (par Elise Fontenaille), Harriet Tubman: la femme qui libéra 300 esclaves (par Anouk Bloch-Henry) ou encore Sarah Bernhardt: l'indomptable (par Evelyne Morin-Rotureau). (DT)

13. Rosa Parks: non à la discrimination raciale, de Nimrod, Actes Sud junior, collection Ceux qui ont dit non, 2008 
Roman, dès 12 ans

«La couleur de nos idées modifie sensiblement la couleur des choses. Si seulement cette couleur pouvait être celle de l’amour…» (p. 22)

Rosa Parks est un récit de vie, écrit à la première personne, retraçant la biographie de Rosa Parks qui, dans le contexte du sud ségrégationniste des États-Unis (Montgomery, Alabama), refuse le 1e décembre 1955 de se lever pour céder sa place dans l’autobus à un passager blanc. Écrit par le poète et romancier tchadien Nimrod, le récit plonge son/sa lecteur·trice dans le flux de conscience de l’héroïne, permettant de comprendre et de s’identifier à sa révolte contre la discrimination raciale des Noirs américains, alors institutionnalisée (ségrégation raciale de jure).

Le récit est organisé en trois parties: de l’acte de Rosa Parks et son arrestation aux mouvements afro-américains de lutte pour les droits civiques, dont elle sera l’une des militantes principales. Le documentaire permet ainsi de saisir, à partir d’un point de vue singulier et emblématique à la fois, le contexte ségrégationniste et son impact sur le quotidien des Noirs américains. Il permet ainsi de comprendre le climat menant à la lutte nationale pour la reconnaissance égale des droits afro-américains, qui se concrétisera en 1968. Le geste de révolte de Rosa Parks est encore aujourd’hui vu comme «l’élément déclencheur» de cette lutte: «Les Noirs marchaient, leurs pieds grattaient le trottoir, la chaussée suivait la courbe de leurs efforts. Ils étaient beaux, ils étaient dignes, ils arpentaient le bitume comme si c’était depuis la nuit des temps, une nuit pareille à la nuance de leur peau, couleur de liberté» (p. 58).

Rosa Parks s’adresse à un public adolescent et propose également un espace plus didactique à la fin de l’ouvrage, intitulé «Eux aussi, ils ont dit non». On y trouve entre autres une brève description du contexte historique de l’Afrique du Sud, où le ségrégationnisme a été aboli seulement en 1991, ainsi qu’une partie exposant le contexte actuel de discrimination raciale en France, et qui fait notamment écho au mouvement actuel Black Lives Matter. Le documentaire fictionnalisé autour de la vie de Rosa Parks a ainsi été pensé de sorte à ouvrir le débat sur le monde contemporain et les traces encore nombreuses de discriminations sur la base raciale. 

La collection Ceux qui ont dit non d’Actes Sud junior, dirigée par Murielle Szac, propose également d’autres récits de vie de figures fortes ayant marqué l’Histoire par leurs engagements pour les valeurs humanistes. Vous y trouverez notamment les biographies de Marie Curie, Jean Jaurès, Aimé Césaire, Simone Veil ou celle d’Anna Politkovskaïa. (VM)

Simon Veil. l'immortelle
Couverture et image intérieure de «Simone Veil: l’immortelle», de Pascal Bresson et Hervé Duphot (© Marabout)

14. Simone Veil: l’immortelle, de Pascal Bresson et Hervé Duphot, Marabout, collection Marabulles, 2018
Bande dessinée, dès 14 ans

«C’est un livre très important. C’est un livre que je dédie aux futures générations» dit Pascal Bresson à propos de son roman graphique Simone Veil: l’immortelle dans une courte vidéo de présentation. Partant de cette dédicace audiovisuelle, on pourrait se demander si les futures générations connaissent Simone Veil. J’ai donc réalisé un petit sondage auprès de six classes – enseignement obligatoire et postobligatoire – du Canton de Vaud. 84 sur 108: c’est le nombre de jeunes (15-30 ans) qui n’ont jamais entendu le nom de Simone Veil, soit 78 %. Au vu de ce pourcentage élevé, il me semble que l’ouvrage de Pascal Bresson (scénario) et Hervé Duphot (dessins) a réellement un rôle à jouer pour que cette illustre femme politique française reste effectivement «immortelle». Publié un an après sa mort, il rappelle que les combats qu’elle a menés pour les droits des femmes il y presque un demi-siècle sont aujourd’hui plus actuels que jamais.

Bleu. La narration est construite autour de la journée du 26 novembre 1974: elle se focalise sur les débats houleux qui entourent le projet de loi sur la dépénalisation de l’avortement de Simone Veil, présenté devant l’Assemblée nationale. Bresson et Duphot s’attardent sur les coulisses de la séance – accueil brutal de la Ministre par les opposant·e·s devant le palais Bourbon; instants cruciaux précédant son discours – et sur la séance elle-même. Dans cet ancrage spatio-temporel qui sert de cadre au récit s’insèrent plusieurs épisodes marquants de sa vie; les discours de l’Assemblée trouvent résonnance en Simone Veil, qui se remémore le chemin qu’elle a parcouru. Les allers-retours temporels sont représentés à chaque fois par une couleur: le présent est représenté en bleu, l’enfance et l’adolescence en jaune, les camps en gris.

Jaune et gris. De l’enfance de Simone, le roman graphique montre les expéditions scouts dans la forêt mais aussi le quotidien dans la ville de Nice, sous l’oppression du régime nazi. De son adolescence, il montre l’amitié, le lycée, mais aussi l’arrestation de sa famille, la déportation vers Auschwitz et (gris) la vie dans les camps. Le texte et les images révèlent les mécanismes déployés par les nazis pour déshumaniser les Juifs et la violence extrême que subissent ces derniers. Par des retours réguliers dans le «bleu» de la narration, cette violence contraste avec le profond altruisme et les convictions humanistes de Simone Veil.

Les trois années de recherches que Bresson et Duphot ont consacrées à cette biographie sont perceptibles entre les traits et entres les lignes. L’aquarelle, employée en bichromie, et l’encre de Chine se rejoignent dans un tracé simple et juste. Des propos tirés des différents discours du 26 novembre 1974 sont cités entre guillemets. La justesse est aussi dans la bouche de Simone. En effet, l’une des originalités de l’œuvre se situe dans l’acte d’énonciation: les récitatifs sont tantôt pris en charge par un narrateur externe, tantôt par Simone qui s’exprime à la première personne, notamment dans les cas où elle a écrit elle-même sur sa vie. S’il n’est pas précisé de quelle œuvre est tirée quelle citation, les deux créateurs renvoient, en fin d’ouvrage, à une bibliographie composée des œuvres de Simone Veil (Les hommes aussi s’en souviennent, Une vie) et de documents complémentaires, écrits par des biographes ou des chercheurs·euses. Par ce récit de lutte, qui prend à la fois les traits d’une biographie et ceux d’un hommage, les deux créateurs nous invitent à nous interroger sur notre passé, et notre présent. (CS)


[1] Alexandria Ocasio-Cortez, femme politique américaine, qui comme Greta, encourage le flight shaming. [Ndr]


Les rédacteurs: Emilija Cirjanic (EC), Christine Fontana (CF), Samantha Formaz (SF), Violeta Mitrovic (VM), Elise Prêtre (EP), Camille Schaer (CS), Damien Tornincasa (DT)


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