Un enfant de pauvres

C'est l'histoire d'un garçon qui vivait heureux avec ses deux parents. Puis le chômage est entré dans la famille, et le garçon a pris conscience tardivement mais brutalement que l'existence matérielle ne serait plus jamais la même. Les objets ont disparu dans l'appartement, et bientôt le père lui-même n'a plus été là. L'enfant resté seul avec sa mère s'est mis à tout refuser, s'est aigri si jeune. Il a fallu déménager, mais cela n'a pas suffi à faire revenir l'argent. Alors le garçon a commencé à voler, un peu tout, un peu partout. Deux éléments vont modifier cette ligne destructrice : la gentille Ethel, et une planche de surf…

De façon assez terrifiante, la couverture montre une silhouette d'enfant enchâssée dans un billet de banque. Et l'effet glaçant ne s'arrête pas là. En mots précis et directs (« Je rêve d'écrire ce livre avec le moins de mots possible, le strict nécessaire, écrire comme d'autres maigrissent »), le narrateur raconte une déchéance insidieuse, ou comment l'argent prend le pas sur les psychologies. Le sujet n'est pas facile, le choix de l'aborder frontalement non plus.

La note d'espoir finale du récit est même contrebalancée par la puissance des illustrations. Photographies pixélisées, coupées au ciseau, taches de couleurs violentes, chaos de peintures, elles expriment la détresse du héros avec beaucoup de réalisme, et impressionnent le lecteur à la fois par leur adéquation au propos et leur créativité. Lourd parce que sa couverture est en gros carton, l'album, ou plutôt l' « histoire graphique », l'est aussi de sens et d'actualité. A débattre avec des adultes !