Un endroit où se cacher

Un an et demi dans la vie de Jennifer Abbott, c’est le compagnonnage où nous entraine ce roman. 15 ans, de parents divorcés, lycéenne, Jenna est une adolescente presque sans histoire jusqu’à la mort de sa mère. Abruptement, tout bascule : comment vivre avec la culpabilité de cette mort ? comment se sauver du naufrage symbolique dans lequel elle sombre ?
Refuser de vivre chez son père est son premier acte de renaissance même si cela conduit à d’autres concessions : changer de lycée, changer de milieu, se plier à d’autres mentalités chez une tante, bienveillante malgré tout. Enfermée dans ses douleurs, Jenna va se cogner à ses nouvelles limites. En empathie complète avec l’héroïne, le lecteur découvrira un milieu américain provincial qu’il faut accepter pour s’apprivoiser : tous les thèmes des rapports de classes, de l’exclusion, des dérives de l’adolescence ( ou des adultes) sont évoqués. Au-delà de cet arrière-plan géographique, l’histoire de Jenna est universelle : refuser l’apitoiement et vouloir être aimée des leaders du lycée, faire des rencontres, bonnes ( Gabriel Saint Croix, dit Crow, l’énigmatique) ou mauvaises ( Trina Holland, si séduisante) et s’apercevoir que le choix n’a pas toujours été le meilleur, tout un itinéraire d’apprentissage, tendu à l’extrême par l’écriture brève, parfois haletante, à la première personne de Joyce Carol Oates jusqu’à l’envol final, fragile et cependant puissant .