Si je résume...

Jo Hoestlandt raconte à la première personne son enfance de futur écrivain. Ou plutôt elle la résume en une centaine de pages et des anecdotes beaucoup plus signifiantes qu'il n'y paraît. Alors qu'elle a douze ans, ses parents rachètent un hôtel-restaurant à la campagne. Jo découvre un monde de rudesse : les paysans envers les animaux, les enfants de l'école envers les étrangers (dont elle est), etc. Elle apprivoise aussi une nature riante, et profite de la campagne à sa façon sensible. La jeune fille parle peu, mais lit et écrit beaucoup. Elle découvre Anne Frank, dont le Journal la marque à jamais. Peu à peu, elle grandit et affirme ses choix personnels.

L'écriture naturelle et presque parlée de Jo Hoestlandt éclate dans ce court récit brodé autour de souvenirs personnels qu'elle rend aisément accessibles. Tout se mêle comme dans la tête, et pourtant tout se compose avec exactitude, jusqu'à la Jo d'aujourd'hui. Car il est question d'écriture, bien sûr, mais aussi très simplement de passage entre deux périodes de la vie, à défaut d'une véritable fin de l'enfance. Entre chaque micro-histoire, l'auteure résume d'un joli « C'est comme ça que... ». Avec le goût si particulier de la mémoire, entre mélancolie et petites joies, le livre se lit d'une traite. On peut aussi l'écouter en ligne, raconté par la jeune Jo devenue grande [www.jeunesse.magnard.fr/presto].

« Longtemps, pourtant, j'aurai cette obsession ; rester la même, celle qui lit, qui danse, qui est sage et bonne élève, par fidélité à la petite fille que j'avais été. Mais ce sera de plus en plus difficile ; ma nouvelle vie grignotera l'ancienne, comme un petit rat sans Opéra réduisant en charpie les pages de l'ancien livre de l'ancienne vie... » (p. 45).