Sanglier d'automne

Sanglier… Voilà un mot qui se mâche, et se déguste, pour entraîner la langue. Troisième titre de la série sur les saisons de Janik Coat pour les éditions MeMo, Sanglier d’automne est une délicate invitation à la découverte des sensations de lecture, pour tous les petits lecteurs.

Au fil d’une seule et simple phrase où les mots eux-mêmes sont des images poétiques, l’album se déroule en belles double-pages paysagères stylisées et évocatrices : couleurs brunes d’automne, ciel voilé, au sol feuilles rousses et feuilles encore vertes se mélangent, se décomposent. L’humidité figure dans l’image poudrée de la couleur comme un nuage de gouttelettes en suspension qui diffracte la lumière.

Le sanglier est un animal discret, il apparaît soudainement, il guette autant qu’il est surpris ; se croyant seul, il se roule dans les feuilles humides et odorantes, déniche les champignons fermes et goûteux.

Janik Coat le révèle pour nous lecteurs, avec les oreilles flottantes auréolées de franges soyeuses, le poil vaporeux hérissé de reflets dans la lumière des sous-bois : il attire la main qui caresse la page, et le doigt se plaît à suivre les lignes suggérées par l’herbe et la terre des talus, ou la courbe sinueuse de la rivière. Alors le regard s’attarde sur la silhouette d’un oiseau, l’écorce contrastée des arbres, la limace qui se prélasse… Dans le brouillard, le sanglier Jean-Michel nous regarde, l’œil fixe sous l’arcade noire comme un sourcil de masque chinois. Et nous restons sous le charme de cette brève balade qui peut pourtant durer bien plus longtemps…