Quand vient la vague

Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier écrivent à quatre mains ce roman d'une famille qui vole en éclats… Nina, la sœur de Clément, disparaît subitement de la demeure familiale nantaise. Son frère entame des recherches et découvre que leur père mène une double vie depuis plus de vingt ans. A Bordeaux, il a une femme et une fille, Elise, à qui il n'a jamais rien caché. Contre toute attente, Clément sympathise avec Elise. Mais il va aussi continuer à enquêter sur les traces de Nina, en compagnie de Romane, amie de sa sœur.

Du point de vue de la construction littéraire, il eût été facile d'alterner des chapitres très différents entre les parcours de Clément et Nina. Certes, la focalisation varie, mais sans que la rupture de ton indique le passage d'un auteur à l'autre, et on apprécie ce résultat unifié. Majoritairement présent, Clément est suivi par un narrateur externe, tandis que Nina use du « je » pour raconter son errance. Le frère se positionne par rapport à sa famille et devient adulte, la sœur fait de belles rencontres (Jules, homosexuel) et trouve à petits pas son chemin : leur évolution est finalement semblable.

Volontiers dialogué et écrit avec naturel, le livre se lit extrêmement facilement. Il sait aussi préserver une réelle profondeur, et explore même les sentiments des parents – belle séquence où la mère de Clément, qui savait et avait accepté, explique comment elle a vécu toutes ces années de secret. On ne peut nier aux auteurs un sens de la psychologie qui évite le pathos ou le convenu. Et la présence en filigrane de l'océan évoque autant le facile inconscient mer/mère que le vent de liberté légèrement mélancolique qui souffle sur tous les personnages. Dans la vie, on avance comme on peut…