Pleine neige

La nuit tombe sur un paysage enneigé non loin des montagnes. « Maman » prépare ses « tout-petits » à affronter la nuit.

On accompagne l’envol de l’aigle surplombant son périmètre de chasse. Aussitôt la peur nous gagne, malgré la vue plongeante sur un paysage pittoresque. C’est l’effervescence dans la forêt, l’aigle cherche un repas pour ses petits. Le lecteur est emmené au cœur de la forêt, grâce au procédé ingénieux de la vue en contre-plongée. Le même procédé à la page suivante focalise le regard sur l’aigle majestueux et attire l’attention au premier plan sur sa proie potentielle, les lièvres qui se planquent. Ils flairent le danger. La tension monte.

Jeu d’empreintes noires imprimées sur le blanc immaculé de la neige, moment contemplatif qui nous permet de souffler un peu. Le répit n’est que de courte durée. Une silhouette de loup aux allures singulières apparaît. Le suspense s’installe.

Nous voilà plongés au cœur de la nuit, le silence s’apparente au calme avant la tempête. L’atmosphère feutrée du paysage enneigé contraste avec la tension qui habite les protagonistes. Accompagnant le loup à présent, se déploient sous nos yeux toute une faune, lynx, hermines, bisons et élan que la rencontre avec le loup étrange intrigue.

« Un cri » annonce le drame. La peur se cristallise. Pire, lorsque le loup s’approche du tipi, la tension est à son comble.

« Maman » annonce le retour de « papa ». Et la couleur fut ! Le rouge apparaît en effet. La tension se relâche. Enfin, les tout-petits pourront dormir tranquilles, au chaud et à l’abri du danger.

Pleine neige apparaît telle une mise en abîme du rituel du coucher. Cet album nous émerveille par son graphisme composite aux effets percutants. On apprécie la sobriété de la narration, l’art de manier le suspense dont l’efficacité est déconcertante. Dans la filiation de Plein soleil et Pleine lune, Pleine neige est une véritable ode à la nature dans laquelle Antoine Guilloppé nous offre une fois de plus un regard poétique qui ne cesse de nous émouvoir.