Damien est un lycéen plutôt bien dans sa peau, qui vit avec ses parents dans une cité de Bobigny. Il est amoureux de Djamila, une jeune fille de sa classe et il lui fait une déclaration d’amour dans une autofiction qu’il écrit pour la professeur de français et qu’il lit brillamment à toute la classe.
Quand il raconte cela à ses parents le soir, son père se braque et lui dit : « Tu sais, moi, les Arabes, je les aime beaucoup à la télé, surtout dans un match de foot de l’équipe de France, mais pas trop chez moi. » Damien ne comprend pas cette réaction, son père a toujours été un homme ouvert et respectueux des autres. Depuis c’est la guerre froide entre le père et son fils, le silence pesant qui envenime la vie familiale. Après une très violente dispute, le père de Damien est renversé par une voiture, est hospitalisé et tombe dans un coma profond. Damien s’en veut, il culpabilise. Sa mère lui révèle un secret de famillle, ce qui accroit encore le désarroi, la rage, la colère de l’adolescent. Seuls la présence et l’amour de Djamila font encore tenir le garçon debout. Il doit réagir, trouver en lui la force de savoir qui il est, d’où il vient et ce qu’il veut être. Il lui faut apprendre à ne pas juger avant de comprendre, à accepter un monde imparfait.
Ce texte fort bien écrit explore les relations tourmentées qu’entretiennent un père et un fils, plongés dans une situation extrême. Damien, le narrateur, est un personnage très crédible, auquel les lecteurs pourront s’identifier aisément, à la fois brillant et fragile, péremptoire et perdu, tourmenté par la question des origines et porté par un premier amour flamboyant. On le sent toujours à fleur de peau, sur un chemin qu’il a du mal à baliser, mais ancré dans le monde par l’amour que lui portent sa mère et son amie. La langue est vivante, imagée et inventive.

Catherine Gentile