Nous, quand on sera grands

Dans l’arène d’un bac à sable, le chaperon rouge et les trois cochons ont maille à partir avec le loup. Sur le mode du « quand je serai grand, je serai … », ils imaginent les pires supplices pour punir le grand méchant loup. Avec un mélange de délire et de surenchère verbale, les personnages de contes se vengent par anticipation puisque tous sont vivants et n’ignorent rien de leur destin fatal. Leur univers est délibérément enfantin, ils veulent être pompier, policier, magicien, fermier. Leur langage sur le mode futur très quotidien est discordant par rapport au personnage de leur conte. Tous sont des fiers-à-bras. Les scènes sont construites en deux temps : l’imagination de leur futur « moi, je serai… », suivie d’une déclaration d’intention, « j’éclabousserai le loup / je le mettrai en prison / je piquerai les fesses du loup ».

Le ton des enfants, leur discours tellement proche de celui qu’on entend dans les cours de récréation introduit un délicieux décalage avec ce que l’on connaît des personnages de fiction. La chute est savoureuse : il faut imaginer aussi le loup enfant ! Un plaisir d’illustration accompagne ce jeu de rôles. Nous identifions les personnages sans qu’ils soient nommés. Leurs mimiques les apparentent à des enfants du réel alors qu’ils sont tout aussi fictifs que les personnages qu’ils représentent. Jeux de rôle et désir de dominer les peurs, histoires traditionnelles ou variations multiples pleines d'humour, un livre pour petits à la longue postérité.