Mon Corps est un œil

Le narrateur et son petit frère, d’origine sud-américaine, ont été adoptés par un couple de Français. Les années passent mais ils ne parviennent pas à oublier leur passé, et leur petite sœur Tiza, décédée. Laissés quelques jours seuls, ils sont très perturbés par la découverte d’un poney mort : cet animal est en effet l’emblème choisi par leur grand-mère pour Tiza.
« Grand-mère disait aussi, ton corps est un œil, l’œil véritable » (p. 7). Le narrateur mettra du temps à comprendre le sens des paroles de son aïeule, figure tutélaire qui le suit dans des petits rêves éveillés. La question, plus ou moins directement posée et exploitée, qui parcourt l’histoire est la suivante : Tiza est-elle vraiment morte ? Au terme d’une journée au temps suspendu, parsemée de petits événements significatifs, macabres et/ou violents, les enfants ressentiront profondément en eux-mêmes l’intérêt à tourner la page : leur corps devient un œil qui les guide. C’est joliment exprimé, quand même très abstrait. Alex Cousseau est un fin écrivain de l’indicible, toujours original et exigeant. A la lisière du fantastique, Mon Corps est un œil déroute, puis demande une attention soutenue, certes récompensée mais pas à la portée du petit lecteur. Ce court roman est en tout cas à lire, car on ne peut pas y rester indifférent.