Mon âme frère

Quelque chose ne va pas chez Camille qui, pourtant, se révèle être une brillante lycéenne aspirant à la « première littéraire-khâgne-Normal sup ». Elle fréquente un établissement prestigieux, « un lycée d’excellence » au sein duquel « l’excellence ne se brade pas ». Alertés par ses notes qui vont décroissant, ses parents la somment de se reprendre, sa conseillère d’orientation tente de sauver les meubles. Il n’est pas envisageable pour ses parents que leur enfant aille se recycler dans un lycée de seconde zone. Camille vit en même temps ses premiers émois avec Yanis.

Il n’est pas évident pour Camille de s’épanouir au milieu de tout ceci. Ses parents ne lésinent pas sur les moyens de pression pour la secouer. Menaces et répressions en tout genre sont de la partie : téléphone confisqué, sorties supprimées. Camille a l’impression d’être en prison et que ses parents abusent de leur autorité. Elle étouffe, frise le burn out et cherche refuge dans les bras de son amoureux, le seul qui puisse la comprendre, son alter ego, son « âme frère. » La compagnie de Yanis offre un peu de répit à celle qui ne parvient plus à satisfaire les attentes scolaires et parentales. Camille veut prendre du recul, changer d’air à la campagne, ce lieu où, enfant, elle a connu tant de moments heureux.

Un récit qui pointe du doigt l’arrogance certaine d’un système scolaire impitoyable. Une remise en question du rôle de l’école ainsi que celui des parents imposant leur idéal de parcours (sans fausse note !) sans tenir compte des aspirations profondes de leur progéniture. On y décèle également la thématique de la difficulté de communication entre l’enfant et ses parents durant la période délicate de l’adolescence. Le style pénétrant de Gaël Aymon rend compte de la profondeur des sentiments et états d’âme des protagonistes. La place importante accordée aux dialogues et discours directs donne une tonalité quelque peu dramatique à ce roman qui parlera autant au public adolescent qu’adulte.