Lune et l'Ombre (T. 1). Fuir Malco

Lune perd ses sens, littéralement : cette grande amatrice de peinture se met à voir en noir et blanc, puis ne sent plus les odeurs. Très déprimée, la jeune fille doit aussi faire face à un nouveau beau-père, violent et qui semble avoir ensorcelé sa mère. Un jour, elle aperçoit une chevelure rousse sur l'affiche d'une exposition au musée Marmottan Monet. Contre l'avis de son beau-père, poursuivie même par lui, Lune prend le train en direction de Paris. Après une nuit d'angoisse, elle peut visiter l'exposition. Sans vraiment s'en rendre compte, Lune va plonger dans les tableaux, trouver des alliés, défendre sa vie...

Le roman tout entier compose une échappée, et les informations se donnent peu à peu, sur fond de terreur contagieuse. L'atmosphère créée par Charlotte Bousquet est aussi éthérée que son héroïne : elle suggère, elle emporte dans un univers de peinture qui s'imagine autant qu'il se lit en mots. J'ai toutefois regretté n'en savoir plus sur les œuvres qu'à la fin (mini-dossier à propos de Rosa Bonheur et Leonora Carrington), car si le pédagogique un peu lourd est évité dans le corps du texte, la mise en valeur de ces deux artistes reste ténue.
Quant à l'intrigue surnaturelle tendance enquête, elle joue sur quelques personnages clés, en complet devenir : la mélancolique Lune va-t-elle recouvrer ses sens ? Malco va-t-il dévoiler sa sombre nature ? Léo peut-il échapper à son destin de peinture ? Ce premier tome pose bien davantage de questions qu'il ne donne de réponses, comme une curieuse poursuite dont on peine encore à deviner le sens, mais qui à coup sûr séduit par son caractère fuyant et original... Une action prometteuse à suivre, donc !