L'ogre et Marguerite

Marguerite, fille créative qui adore la nature, a une chambre for-mi-da-ble. Mais son chez-soi douillet est passablement envahi par un ogre avec lequel sa mère semble vouloir nouer une relation. Marguerite, sous le coup de ses émotions, devient animal au figuré : petit oiseau caché qui observe, poisson en apnée qui s’inquiète, et même chat qui fugue dans la nuit (pour chercher son vrai papa). Elle ne va pas bien loin, suffisamment tout de même pour paniquer la mère, et rendre l’ogre tout doux : son chocolat au lait est délicieux…

Suite au départ du père (divorce ? décès ? Le livre ne s’attarde pas sur le pourquoi), l’héroïne s’est construit des remparts de feuilles vertes et de coussins pour vivre tranquillement avec sa maman. L’enjeu d’accepter le changement, une nouvelle relation pour sa mère, est de taille. Il passe ici par un texte lumineusement poétique, tout en symboles bien choisis, et surtout par des illustrations d’aquarelles merveilleuses, de détails fourmillants, de couleurs parfaitement choisies pour exprimer les sentiments. Les adultes en sont absents (on ne voit jamais leurs têtes), le mouvement d’une Marguerite effrayée y est partout – et ce malgré la quasi-absence de perspective, jolie réussite –.