L'imagier de Fifi

Les imagiers occupent dans la littérature des tout jeunes enfants une position bien particulière. A la fois répertoires du monde, décrypteurs du réel qui entoure les enfants, ils oscillent entre plusieurs types. Une image, le nom de l’objet représenté et les objets classés par thématiques, tel l’imagier du Père Castor, ils construisent une première approche des mots de la langue. D’autres imagiers mettent en scène les objets. Ils permettent une approche par le langage en suscitant des commentaires, ils permettent la mise en phrase. Dans ces deux cas, les auteurs mettent le monde à disposition de l’enfant. Ils ont fait une sélection et l’offrent au regard du lecteur. Ici, l’auteure-illustratrice privilégie une autre entrée, celle d’un enfant prénommé Fifi et qui décrit SON monde. L’imagier est donc construit comme la liste de ses propriétés : mes bottes jaunes pour sauter dans les flaques, mes trois crayons préférés. Il fait des commentaires sur ce qu’il voit : « les lunettes de mon papi sont toutes rondes », ou sur ce qu’il ressent : « boire le lait avec une paille c’est rigolo ». Il envisage l’avenir à partir des objets qu’il regarde : « quand j’irai à la grande école j’aurai un beau cartable » ou « cet été je mettrai mon tee-shirt rayé ». Puisque nous sommes invités dans l’univers personnel, l’inventaire, un peu sans queue ni tête, saute d’un objet à un autre, comme au hasard des rencontres. Listes et catégorisations sont une invitation à observer attentivement l’environnement, à dérouler pour chacun son imagier personnel, ici très coloré et rassurant.