L'homme parapluie

« Quand il est né, Ploc avait une tête normale d’homme normal. Et puis la pluie est arrivée.»

Cette pluie poursuit à tel point Ploc et fait tomber sur lui de si lourdes gouttes que, pour éviter que son cœur ne s’enrhume, il décide de devenir un homme-parapluie… Ploc parviendra-t-il à faire cesser cette pluie et à retrouver son apparence première ?

Pour le savoir, le jeune lecteur devra tourner les pages de cet album construit autour de la métaphore de l’eau. Les mots et les expressions à double sens utilisés par David Sire drainent cette métaphore de la première à la dernière page, afin d’évoquer de manière détournée et ô combien poétique les questions existentielles, les doutes ainsi que les peurs qui assaillent soudain Ploc. Cette pluie torrentielle annonce en effet une dépression, une totale remise en question métaphysique, que Ploc doit « épanch[er] », au sens propre comme au figuré, afin d’en sortir indemne et de retrouver le sourire.

Les illustrations de Thomas Baas mettent en lumière, dans cet album, la poésie des mots de David Sire. Pour ce faire, il a choisi de n’utiliser que trois couleurs (le rouge, le noir et le vert) pour illustrer les tumultes intérieurs dont est d’abord victime le personnage principal. La tête d’homme-parapluie quelque peu surréaliste n’est d’ailleurs pas sans rappeler cette peinture de Magritte, intitulée Golconde où l’on voit des hommes identiques portant un costume noir et un chapeau melon pleuvoir sur des immeubles aux toits rouges. Magritte dénonçait ainsi la banalité du quotidien qui asservissait l’être humain. Or c’est précisément cette morne réalité que vainc Ploc en devenant Plic à la fin de l’album.

Un album tout en finesse et poésie tant dans son texte que dans ses illustrations, qui marquera l’imaginaire des plus petits et qui parlera également aux plus grands !