L'heure bleue

Mary a perdu sa mère il y a trois ans. Depuis, son monde tourne entre sa petite sœur Tania et son père. Quand ce dernier rencontre Anne-Sophie, Mary n’est pas d’accord…
On ne parle pas directement de la mort dans ce court roman : tout est question d’images. Il y a d’abord les noms affectueux que se donnent les membres de la famille, les jeux magiques dans lesquels l’aîné entraîne la cadette, puis le carnet que Mary écrit à sa « Mamamaman », la bague en onyx de la défunte, qu’elle consulte comme une boule de cristal, et finalement, suite à une altercation avec Anne-Sophie, une maladie subite de l’héroïne. Les mots sont ceux de Mary elle-même, narratrice à fleur de peau heureusement bien entourée par un père et une sœur aimants : avec simplicité, elle nous raconte son quotidien de petits rituels et de grandes interrogations (« Mais la Mort en se laisse pas attendrir par un chagrin d’enfant. », p. 24). Nathalie Kuperman est maîtresse dans l’art de faire passer les sentiments les plus fins et les plus délicats sans jamais les exprimer clairement, mais sans verser dans le symbolisme forcé : la justesse de ton de L’Heure bleue ne dément pas ce talent. L’air de rien, une situation évolue, se dénoue, la vie continue. Il ne s’agit donc pas seulement d’un énième roman pour adolescents sur la mort, mais aussi d’une réussite littéraire, et cela fait toute la différence.