Le renard et l'aviateur

En temps de guerre (sans doute la Seconde Guerre mondiale), un aviateur nommé Antoine atterrit violemment dans la forêt. Il a blessé un renard, prend le temps de le soigner. L'homme et l'animal deviennent amis, et bientôt le renard accompagne Antoine sur sa base militaire. Dans l'avion, Antoine explique ses rêves au renard, lequel découvre émerveillé le monde vu d'en haut. Mais le renard finit par s'ennuyer de sa forêt et il est convenu de le ramener. Une dernière mission attend cependant Antoine. Et le renard attend, attend, et attend encore un hypothétique retour de son ami.

Le très grand album fait évidemment penser à Saint-Exupéry et au Petit Prince, de par les personnages, et aussi la philosophie mélancolique qu'il dégage. C'est le renard qui parle, expliquant sa première méfiance puis son amitié indéfectible. Face à la tranquille bête naturellement intégrée dans la forêt, les hommes et leur guerre paraissent lointains, vains. A l'exception d'Antoine, qui transporte un exemplaire du Walden de Thoreau dans son avion… Sur cette belle histoire de vie et de mort sont apposées d'immenses illustrations en double page. Au crayon, au pastel, à la peinture striée afin de donner du relief, elles usent de toutes sortes de points de vue pour mieux saisir le lecteur. Tour à tour minimalistes ou faisant profusion de détails, leurs couleurs assourdies accompagnent le propos poignant avec une grande originalité. J'ai beaucoup aimé.