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Date de publication
Age-cible

Le fil à recoudre les âmes

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 12 ans
: 9782211208604
10.70
euros

L'avis de Ricochet

Kenichiro est né et habite avec sa famille aux Etats-Unis. Du jour au lendemain, sa vie bascule : son père est soupçonné d'espionnage, il est envoyé avec sa mère et sa sœur dans un camp, constitué en une portion de réserve indienne. Que se passe-t-il ? L'action se situe après 1941 et la défaite de Pearl Harbor, alors que le gouvernement américain fait la chasse aux Japonais présents sur son territoire. Nous lisons les lettres que le jeune garçon, par ailleurs excellent élève, envoie à son ancienne institutrice. Les familles acceptent la fatalité, s'organisent et se soutiennent, parvenant même à inventer un nouveau système de production : hôpital, école, potager, menuiserie... Kenichiro grandit, apprend, noue de nouvelles amitiés.
Puis c'est l'exil forcé au Japon, et le choc de la découverte d'une culture dont il ne connaît aucun code. Kenichiro ne sent plus accepté nulle part. Une fois de plus, l'espoir refait peu à peu surface, et il tombe amoureux de la fragile Yuriko. Mais la jeune fille rejoint sa mère à Hiroshima, quelques jours avant que la bombe atomique – en japonais « pika-pika », une onomatopée qui désigne quelque chose qui brille - n'y soit déclenchée. Elle se retrouve orpheline, défigurée. Un pasteur la prend sous son aile, l'emmène aux Etats-Unis quelques années après la guerre pour qu'elle y subisse des opérations de chirurgie esthétique. Elle retrouve alors Kenichiro : la vie continue, pardon ou pas...
Le roman magistral tient à la fois par l'intérêt de son thème, qui découvre un pan méconnu de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, et par la qualité de son écriture très sensible. Le lecteur débute avec les lettres très descriptives de Kenichiro, imaginées à la fois comme un journal quotidien et des réponses à des questions de l'institutrice. Le factuel se charge de choquer. Puis, nous basculons dans la tête de Yukiro à Hiroshima, oscillant alors entre un « je » et un « elle », un onirique en décalage avec la dureté des faits, afin de mieux montrer l'instabilité psychique de la jeune héroïne. En effet, si Kenichiro a la chance de rester entouré par les siens, de ne pas sentir non plus sa seule famille visée par l'Etat américain, Yukiro doit faire face à un avenir brutalement interrompu sans l'aide de personne. Elle se réinventera dans le métier de couturière, qui répare symboliquement les âmes meurtries... Habilement, c'est alors une narration externe qui finit l'ouvrage, façon de montrer que la paix intérieure est possible.
Jean-Jacques Greif ne prend jamais position, laissant chacun se forger sa propre opinion. En effet, tous les Américains n'ont pas voulu cette guerre (voir le physicien chez qui Yukiro loge pendant son séjour sur la côte est), et tous les Japonais n'ont pas forcément réagi solidairement face au malheur de leurs exilés. De fait, le roman nuancé, pourtant dense, se lit d'une traite sous le coup de l'émotion qu'il suscite. Superbement intelligent.

Présentation par l'éditeur

Kenichiro croyait être un Américain comme les autres. Mais le 7 décembre 1941, lorsque les Japonais déclenchent la guerre en attaquant Pearl Harbor, l’adolescent né à Los Angeles devient brusquement un «Jap», un étranger ennemi, comme tous les Japonais installés aux États-Unis depuis plusieurs décennies. Les voilà devenus des espions potentiels qu’il faut éloigner des côtes. Kenichiro, sa mère

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Roman
à partir de 13 ans
Avis de lecture
Prix littéraire