Le conte de fées d'Harold

« Un soir, Harold sortit du lit, prit son crayon violet et la lune, et partit se promener dans un jardin enchanté. »  

Ce deuxième tome d’une série créée autour d'Harold et de son crayon violet nous propose de retrouver le petit héros alors qu’il se prépare à s’aventurer une fois de plus dans la nuit. Déçu de ne trouver aucune plante dans le jardin enchanté, Harold se décide à en parler au roi. Aussitôt, il dessine un château... mais voilà que la herse est baissée ! Qui pourrait bien se glisser dans un château fermé ? Une souris ! Harold l’esquisse, sans oublier le trou de souris qui lui permettra d’entrer dans la résidence royale. Bienvenue dans les péripéties d’un garçon en pyjama, qui utilise son imagination débordante et le pouvoir de son crayon afin de créer son propre conte de fées.

Édité pour la première fois en 1956, l’album peut aisément entrer dans la catégorie des indémodables. À côté de la thématique du créateur de l'imaginaire, qui sait matérialiser un monde en deux coups de crayon, se dégage ici la tension entre création intentionnelle et adaptation aux idées qui bousculent le projet initial : pour faire sortir la sorcière géante du jardin (dont le piétinement empêche les fleurs de pousser), Harold dessine une nuée de moustiques mais l’assaut des insectes est tel que le garçon doit fuir également. Vite, il dessine de la fumée et un feu pour éloigner les moustiques, puis de la pluie pour éteindre le feu : une pluie qui fera enfin fleurir le jardin enchanté. Lorsque l’histoire échappe à son créateur... ou le processus insaisissable de l’imagination.

Bien évidemment, l’aventure d’un garçon en grenouillère muni de son crayon violet n’aurait pu conquérir autant de lecteurs sans l’ingéniosité de Crockett Johnson qui a su créer des histoires poétiques et attachantes à la hauteur de son public. Un talent qui a d’ailleurs inspiré de nouvelles générations d’illustrateurs, dont un certain Maurice Sendak.