Eric Battut au pays du cirque, des clowns et des jongleurs. Dans cet album, l’illustrateur revient d’abord sur une couleur qu’il connaît bien : le rouge. On admirera la piste (qui nous rappelle Rouge Matou) ou le drapé du rideau de scène (une image sans personnage avec juste une théière et deux tasses sur un tabouret). Mais pour Eric Battut, avec le rouge s’unit (presque forcément) le noir ; la dernière image de l’album est particulièrement caractéristique : une nuit lumineuse, des insectes blancs comme des étoiles, juste quelques traits pour une roulotte comme happée par la couleur uniforme. Sans être véritablement à l’opposé du style qu’on lui connaît, Eric Battut semble ici s’amuser avec sa technique si particulière. Il est vrai que si l’illustrateur décline ici des thèmes qui lui sont chers (la solitude, la recherche du double, la découverte d’être un autre), il tente, par l’image de jouer avec la lumière, de décliner des objets pour en faire son propre cirque. Là une fleur, ici un chapeau (que l’on surprend sur la tête d’un lion), là encore des chaussures ou des yeux dans une boîte. Voici donc Domino, le clown du Cirque Rouge, qui pense que le public se moque de lui. Il décide alors de faire un numéro sérieux et s’en va demander conseil. Mais à chaque rencontre, avec les jongleurs, avec le magicien ou avec les lions, c’est la même chose : le clown Domino fait toujours rire, c’est dans sa nature. Mais l’arrivée d’une nouvelle artiste, du nom de Dominette, lui redonnera l’envie de faire rire pour un numéro extraordinaire. Une rencontre d’amour et de cirque pour un album réussi.