La vache bizarre

Quand un petit singe la rencontre dans la jungle, il s’étonne : quelle drôle de vache est-ce là ?

L’album suit donc l’incrédulité grandissante du singe, jusqu’à ce qu’il se décide à aborder le singulier animal, et de page en page, d’attribut en attribut, la vache bizarre se révèle être… un éléphant !

Jean-Baptiste de Panafieu et sa talentueuse complice Caroline Picard nous offrent là un petit bijou d’humour et de malice. Le récit se lit comme un conte, avec un travail de police qui facilite l’oralisation, et l’illustration qui l’accompagne use de l’hyperréalisme pour figurer les différentes étapes de la métamorphose de la vache en éléphant. Celle-ci passe par la figuration fantastique d’un animal « vache » dont les attributs naturels (museau, oreilles, cornes) sont déformés jusqu’à évoquer quelque animal tout à fait fantastique, digne des contes de grands-mères pleins de créatures inconnues, donc monstrueuses, voire dangereuses. Le renversement qui s’opère ensuite restitue à l’éléphant le réalisme de ses propres oreilles, trompe ou défenses, jusqu’à ce que l’illustratrice lui rende sa véritable apparence intégrale. Une façon de montrer qu’il ne faut pas craindre ce que l’on n’a jamais croisé, mais bien plutôt chercher à le comprendre. C’est là la leçon de Jean-Baptiste de Panafieu qui sensibilise depuis longtemps le public à la science, et à l’évolution.

Mais dans cette histoire, la référence elle aussi avance masquée, seul compte le rire des petits qui s’amuseront tellement à détailler toutes ces métamorphoses extraordinaires ! Et peut-être que cette expérience de lecture leur permettra d’aborder l’inconnu avec autant de fraîcheur et de d’intérêt que le petit singe de l’histoire ?