La pluie et le ruisseau vont en bateau, ils voguent sur les vagues d’une eau peu calme. Ainsi, David Dumortier et Julia chausson mettent en scène une comédie joyeuse où les mots du poète et les images de la dessinatrice s’épaulent, s’interpellent, se complètent. Le texte s’intéresse d’abord à la pluie, verte, toute nue ; bleue quand il pleut des cordes ou grise sous la boue. Le poète décline et décrit la pluie dans ses variations, sons et évocations, elle joue de-ci de-là. Courts poèmes, chacun fait naître une image tendre ou insolite, parfois un peu fabriquée. Au fil du recueil, la rencontre et l’histoire d’amour entre la pluie et le ruisseau elles-mêmes peinent à nous toucher. Jeux poétiques, l’auteur recourt aux multiples facettes de la langue, il invente des mots « pour de rire », des mots-valises comme le « canarnouille », bébé héritier des canards et des grenouilles ou des évocations insolites comme « la neige / est-elle une pluie/ en manteau de fourrure ? ».

Contrairement à d’autres recueils de David Dumortier, (La Clarisse, Des oranges pour ma mère, Medhi met du rouge à lèvres, éditions Cheyne) ici, la juxtaposition des poèmes et la narration de l’amour supposé, manque de nécessité et de puissance, en dépit du charme des gravures de Julia Chausson. Un recueil séduisant pour un petit tour en poésie.

Danielle Bertrand