La petite Sirène

Un beau texte, une belle écriture. Un récit inspiré par un conte, celui de la petite Sirène d’Andersen, qui a hanté les années d’enfance de l’auteur, Myriam Mallié. C’est comme un long souffle, envoûtant, qui vous prend et vous happe jusqu’à vous laisser hors d’haleine à l’arrivée. L’écrivain fait parler la sorcière, qui a le pouvoir de donner des jambes à la petite Sirène, amoureuse d’un prince. Myriam Mallié appelle cette sorcière : la Mutilante. Cette étrange tortionnaire s’adresse à la jeune fille dans « une sorte de parole marine et maternelle, peu à peu aimante, une parole de « sous la surface de l’eau » (…). Une parole qui lui raconte, étape par étape, son périple pour se donner un corps, une âme ». Ce qui aurait pu être long et très éloigné des préoccupations du lecteur est finalement riche et passionnant. Car le récit aborde beaucoup de choses dans un texte condensé. La mer, la liberté, la relation aux autres, l’amour, le pouvoir des mots, les désirs, les incertitudes, la solitude et bien d’autres thèmes encore apparaissent dans ce petit livre. Les phrases y sont courtes. Il y a le « vous » qui s’adresse à la petite Sirène, mais aussi le « on » qui élargit le public et interpelle chaque lecteur. On aimerait entendre ce texte, de toute beauté, sur la scène d’un théâtre, où il pourrait s’épanouir.