Je suis le chapeau

Oukiok et Wanda sont deux jeunes Inuits orphelins du début du XXème siècle. A partir d'un chapeau perdu sur la tête d'un ours et des divagations de Wanda pendant son sommeil, ils vont partir sur les traces de l'explorateur Knud Rasmussen.
Alex Cousseau le poète a encore frappé. Onirisme et tendresse sont en effet au cœur de ce roman absurde, malgré tout captivant de bout en bout. En Arctique ou en Ecosse, suivis par un narrateur externe, les deux héros avancent à la recherche de l'hypothétique propriétaire du couvre-chef, très ordinaire, qui symbolise aussi bien le père tué par l'ours que le sens de l'existence. Et chemin faisant, ils construisent effectivement leurs vies, en prise avec l'actualité de l'époque : cinéma, aviation, automobile, montée du nazisme… le lecteur découvre le monde de l'entre-deux-guerres. La construction chronologique est solide, le suspense certain, et le roman pourrait rester relativement classique s'il n'était saturé d'émotions, de non-dits signifiants (Wanda est muette). A qui appartient le chapeau, au final ? Malgré quelques pistes lancées, la jolie fin apaisante est résolument ouverte…