Je dois vraiment aller à l'école ?

« Je dois vraiment aller à l’école ? » : telle est la question récurrente du jeune héros. Pour arracher une réponse lui étant favorable, Jules développe toute une argumentation classique et raisonnable, susceptible, pense-t-il, de changer le diktat parental. Bonheurs partagés d’être avec son père, de jardiner avec son grand-père, de cuisiner avec sa grand-mère : tout y passe. L’album est rythmé pour progresser avec l’inquiétude de l’enfant. Avant les vacances, il va voir la future école avec sa maman. Les délices des « dernières » vacances avant la rentrée sont détaillés en même temps que pèsent, en arrière-fond, un malaise lourd et une pensée obsédante masqués par les petits plaisirs du château de sable, des matins câlins et des jeux avec Charline, son amie, et Marie, sa sœur. Mais le temps avance, il faut d’abord acheter un cartable, ensuite rentrer…

Le texte d’Anne-Françoise Théréné est un peu long même si on entend bien le discours de l’enfant, criant de vérité. C’est l’atout majeur de cet album, joyeusement crayonné par Gaëlle Vervelle-Berthelet : presque tout le monde peut (ou voudrait) s’y reconnaître, dans son image très vraisemblable d’une certaine vie quotidienne. Les situations sont idéales, parents heureux et calmes, familles complètes et bienveillantes, école accueillante, expression ouverte des enfants… Tout ce qu’il faut pour convaincre Jules qu’il a tout à gagner à GRANDIR ! En dépit de ce récit lisse, ce n’est pas un album mièvre, il joue avec malice sur une certaine image de l’école, tout n’est peut-être pas vrai mais on aime tellement y croire !