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Date de publication
Age-cible

Guadalquivir

Roman
à partir de 14 ans
: 9782070618088
9.00
euros

L'avis de Ricochet

Frédéric, jeune révolté, rejoint la Meute, la bande skinheads du quartier. Incendies, croix gammée, bagarres… Emplis de haine contre les habitants de la cité, qui « ont fait une erreur en venant en France », les trois jeunes fachos envisagent de brûler une mosquée.
Alors qu’il s’apprête à les rejoindre pour un règlement de comptes, Frédéric reçoit un appel de sa grand-mère Pépita, malade d’Alzheimer. Celle-ci s’est enfuie de l’hôpital et attend son petit fils à la gare. Affolé, il va la rejoindre, et saute juste à temps dans un train pour Madrid. Là, Pépita le retrouve, paye le trajet et confie à Frédéric à quel point elle est heureuse qu’il l’accompagne, pour son dernier voyage, dans le village de sa jeunesse, Jerez de la Frontera. A la gare de Madrid, Frédéric appelle sa mère et apprend que dans la cité, un homme est mort, ses copains skinheads l’accusent d’avoir tiré. Grand-mère et petit-fils quittent précipitamment la gare, et sautent en marche d’un train pour échapper à la police. Sous un soleil de plomb, en volant de la nourriture dans un ferme, Frédéric tombe nez à nez avec Kenza. Elle et son père sont des clandestins marocains, et traversent l’Espagne en pick-up. Soudés par la cavale, les quatre fuyards se dirigent vers Jerez de la Frontera. Pépita se perd dans ses souvenirs, quand son mari et leur ami, le poète Federico Garcia Lorca, se sont fait fusillés par les franquistes, et jetés dans le Guadalquivir. Entre Kenza et Frédéric s’installe une haine sourde, mue par le racisme et l’ignorance. Tous les quatre avancent vers leur destin, sous le soleil et les citronniers.

Ce roman écrit à la première personne raconte le voyage initiatique de Frédéric, jeune ado paumé. A sa vie décousue, il a trouvé comme réponse la violence et la haine. Grâce à cette cavale en Espagne avec Pépita, des pans de son passé s’éclairent : ce grand-père ami de Garcia Lorca fusillé par les franquistes, dont on ne lui a jamais parlé, le suicide de son père… Alors qu’il avait reporté la cause de tous ses malheurs sur les immigrés qui volent le travail et brûlent les voitures, ce voyage lui permet d’avoir le recul nécessaire pour envisager sa vie sous un nouvel angle. De la cave incendiée aux berges du Guadalquivir, Frédéric avance. Ce chemin ne se fait pas tout seul, au sens propre comme au figuré. La police, l’homme de la ferme, les gens qu’ils croisent sur la route, la maladie de Pépita, mais aussi la haine viscérale entre Frédéric et Kenza et la rage qui consume le jeune héros sont autant d’obstacles à surmonter pour arriver au bout de cette route.
L’écriture et le vocabulaire évoluent avec le personnage : « Bref, les autres font des descentes dans notre quartier pour casser des bagnoles ou des baraques. Et nous, on s’organise peu à peu pour se venger et tout faire cramer chez eux. » (p.33), « J’ai laissé là-bas, au bord du Guadalquivir, ma rage et mon désir de vengeance. Longeant le fleuve, dans le silence de la nuit, il n’y a que le chant un peu rauque de Kenza qui accompagne notre voyage (p.180).
Si le racisme est un thème souvent abordé dans la littérature jeunesse, l’auteur prend ici le risque de donner la parole à un jeune skin. Grâce à un ton incisif sans démagogie, et dans la confrontation entre Frédéric et Kenza, le roman pose les vraies bonnes questions, et percute les préjugés de plein fouet :
«- La différence, c’est que vous les Arabes, vous ne pouvez pas vous empêcher de jouer les victimes pour ensuite mieux nous planter le couteau dans le dos ! (…)
- Les étrangers comme nous, on les accuse de tout et on fait chier tout le monde. Sauf ceux qui se frottent les mains. Si je suis une victime, t’en es une aussi ! »
Un très bon premier roman, percutant et riche, qui aborde le thème du racisme avec brio, de Stéphane Servant, auteur de nombreux albums pour la jeunesse.

L'avis des internautes

Les avis exprimés ci-dessous n'engagent que leurs auteurs
le 11/22/2009 00:01

Le mal de vivre des banlieues, la drogue, la violence, la rage, la haine, le racisme, les drames du chômage et e l'alcoolisme, la maladie d'Alzheimer, le conflit des générations, l'exploitation des travailleurs immigrés, la répression franquiste, la torture, les fantômes du passé, Fédérico Garcia Lorca et son ami Alejandro, l'Andalousie. Voilà tous les thèmes
abordés avec violence, tendresse et
amour dans ce récit humaniste du voyage initiatique, rédempteur que va accomplir le jeune Frédéric (Coco en souvenir du poète) vers l'humanité en compagnie de sa grand-mère Pépita. Un très beau roman que nous livre Stéphane après le merveilleux album Coeur d'Alice qui raconte avec tendresse le quotidien difficile mais enjoué de sa petite cousine handicapée moteur.
GUADALQUIVIR chez Gallimard Scripto. 9 €. Un livre à faire dé-
couvrir au maximum d'adolescents, de parents et de grands-parents. Bien sur en tant que tio Miguel je suis sous influence mais je suis certain que ce récit ferait un super scénario pour un très beau film sous le soleil de l'Andalousie après la grisaille des banlieues de Lille ou d'ailleurs, avec en fond une cascade de larmes tirées d'une guitare gitane sur les rives du Guadalquivir. Stéphane a puisé cette histoire au plus profond de son être et il a trouvé le duende parce que nous sommes tous les fleurs de nos racines.

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