Et la Lune, là-haut

Alistair a vingt et un ans. Prématuré autiste, il est resté enfermé toute sa vie dans l'appartement qu'il partage avec une mère castratrice. Mais ce matin, sa mère est morte. Il l'emballe dans une housse, la cache sous le canapé, et cherche qui prévenir : ce sera l'Observatoire de Paris, sa mère téléphonant souvent à l'horloge parlante. Parallèlement, il cherche à réaliser son rêve d'acheter une combinaison de cosmonaute pour ensuite atteindre la lune. Arrive là-dessus Yaro, sans-papiers africain un peu voyou mais au grand cœur. Yaro voulait obtenir de l'argent autour d'un vieux chien que garde Alistair, mais il se pique vite au jeu de ce grand dadais attachant. Il va donc tout faire pour l'aider à ne pas atterrir comme lui dans la rue...

Muriel Zürcher donne l'impression d'avoir écrit au fil de ses idées, composant une fiction échevelée, trash, folle. Il n'en est évidemment rien. Les sentiments sont extrêmes, de l'amour-haine qui emprisonne à la fraternité sans contrepartie. Tous les personnages ont leur petit grain d'humanité qui fait peur, jusqu'à la vieille voisine qui collectionne les animaux pour attirer des hommes sur un site de rencontres. Le lecteur oscille entre effarement, écœurement et admiration pour cette histoire brinquebalante qui lorgne pourtant vers les étoiles. Alistair et Yaro en sortiront grandis, prêts à continuer des existences forcément imprévisibles. Un roman singulier et maîtrisé.