Be bop !

D’un gramophone à haut-parleur et manivelle où tourne un disque, sortent des sons symbolisés par trois longs traits bleu noir. Non, ce n’est pas la musique qui s’échappe ainsi ! Ce qui se faufile hors du pavillon, c’est un chat acrobate à longues moustaches, vibrisses sensibles comme des cordes de contrebasse. Se déploie alors une musique qui met en mouvement trois femmes, rondes, plantureuses. Elles chantent à gorge déployée et dansent. La danse et la musique réveillent le chien. Le chat et le chien se voient, se regardent, hostiles. Le chien poursuit le chat au milieu des jambes qui dansent et des contrebasses qui vibrent. Le chat s’enfile dans le pavillon du gramophone. Le chien monte la garde. Ainsi on comprend ce qui attire le chien de la « voix de son maître », historique maison d’édition du temps des disques noirs microsillons. Cet album sans texte combine la narration comique et traditionnelle du film muet où un personnage court après un autre avec en clin d’œil, un graphisme qui fait penser à Paul Colin, affichiste des années 30, au travail de collage de Matisse pour « Jazz » en 1947. Tout cela associé au Be bop, musique des mêmes années … Quelle vitalité ! La boucle est bouclée et nous restons ébahis par tant de virtuosité !