Achile et la rivière

La maison d’Achile est en constante effervescence : entre des frères et sœurs agités et chamailleurs, des parents rockeurs, des télévisions et ordinateurs en surrégime, des animaux hyperactifs et des « invités » toujours là – sans qu’on les y ait justement invités –, on ne s’entend plus penser. Irrité par cet assommant vacarme, Achile se réfugie régulièrement au bord de la rivière dont il apprécie particulièrement le calme. Ce havre de sérénité est si propice à la rêverie que le jeune garçon absorbé formule un jour le souhait que cette trêve idyllique dure toujours. Angelo, une grenouille à cheveux longs tout droit sortie des livres de contes, exhausse alors le vœu d’Achile.
De retour chez lui, le petit ne reconnait plus son entourage : son univers pétillant s’est terni, chacun étant affairé à ses occupations silencieuses. « Il n’y a pas un rire. Pas un cri. Tout le monde parle à voix basse. » Très vite, Achile s’ennuie et laisse la tristesse et le froid gagner son esprit.

Un album tout en contrastes qui dresse le portrait d’un garçon fort attachant, et nous livre une profonde réflexion sur le bonheur que l’on va parfois chercher bien loin… avant de s’apercevoir qu’il est à portée de main. Ilya Green joue avec les tons pour renforcer le propos d’Olivier Adam : ses couleurs chaudes disent la vie bouillonnante de la famille, les verts et pastels symbolisent la quiétude du ruisseau, alors qu’une palette pâle et sans éclat reflète la mélancolie d’Achile lorsqu’il retrouve la maisonnée dépourvue de son habituelle animation.

Malgré ses éventuels désagréments, la vie en communauté est source de partage et de plaisir. Sachons l’apprécier et la privilégier à l’isolement !