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Date de publication
Age-cible

L’Île rose

Roman
à partir de 9 ans
: 2844204392
8.50
euros

L'avis de Ricochet

Ferdinand, dit Tifernand, vit avec ses parents et sa petite sœur dans un logement humble à Paris. Cette année, le maître d’école est très sévère. Alors, lorsque Monsieur Vincent, un homme riche, un « enchanteur », propose de prendre Tifernand en pension sur l’Île Rose, le petit garçon est ravi. Dans cette petite pension idyllique, on apprend en s’amusant toute la journée, et on ne connaît aucun souci matériel. Mais voilà, la famille de Tifernand lui manque…
Publié en 1924, cet ouvrage fait partie de la collaboration entre Thierry Magnier et la Joie par les Livres en vue de rééditer des classiques de la littérature jeunesse. Le choix est excellent, et le livre fait encore rêver, au second degré certes. L’intrigue est benoîte, pétrie de bons sentiments et porteuse d’une morale affirmant la reconnaissance filiale et le principe de réalité. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le fond est moderne pour l’époque : le « petit peuple » n’était pas souvent mis en scène, et la langue des enfants encore moins facilement adoptée (« - Oh ! s’écria Bouboule, si vous voulez, on serait dans une auto. – Chiche ! accepta Tifernand. Ou dans un navire ! », p. 14). Les méthodes pédagogiques sur l’Île Rose sont également très novatrices. D’ailleurs, le livre en lui-même n’est-il pas une façon ludique d’initier les plus jeunes à la philosophie, et l’utopie de Thomas More ? Aujourd’hui, c’est surtout l’écriture du roman qui ressort. D’une voix paterne, le narrateur omniscient enveloppe et guide son lecteur : « Vous pensez bien, mes chers lecteurs, que si je m’arrête à vous donner le signalement de ce personnage, ce n’est pas, comme on dit, pour des prunes. Nous aurons, en effet, l’occasion de le revoir bientôt. » (pp. 15-16). Charles Vildrac aime les enfants, veut les rendre heureux, que ce soit en tant que personnages de l’histoire ou en tant que vrais lecteurs. Il les prend au sérieux, leur parle avec sincérité. Les descriptions sont fréquentes, mais sans rien de rébarbatif, tant elles accumulent les détails joyeux ou féeriques (le réfectoire de L’Île Rose : « Les murs blancs étaient décorés de peintures très amusantes, aux vives couleurs […]. On voyait des légumes : le chou, le poireau, la pomme de terre […], etc., qui, pourvus de têtes, de bras et de jambes, se rendaient au bal du Pot-au-feu, c’est-à-dire dans la marmite. », p. 85). Celle de l’avion, en particulier, qui allie technicité et esthétique, devait fasciner les enfants de l’époque. De 9 à 99 ans, il faut se laisser porter par le charme désuet de L’Île rose, et réinventer sa suite La Colonie, désormais introuvable dans l’édition courante !

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