Tout foutre en l'air

Fermez les yeux, lecteurs. Puis inspirez profondément et laissez-vous porter par le récit de cette nuit de tous les possibles au cours de laquelle la jeune narratrice et son amoureux Olivier n’ont qu’une idée en tête : tout foutre en l’air…

Un cri-appel au secours.
Un cri-colère.
Un cri-déclaration d’amour.

Voici comment on pourrait décrire ce monologue, nouvel opuscule de la toujours surprenante collection « D’une seule voix » des éditions Actes Sud Junior.

Antoine Dole, au terme d’un travail stylistique minutieux, parvient ici à donner consistance et vraisemblance à la confidence à laquelle le récit de la narratrice donne lieu. Récit à la première personne, présent d’énonciation, répétition d’une phrase refrain qui scande irrémédiablement le texte, participent de l’adhésion totale du lecteur au récit, et partant, de la nécessaire empathie que l’on ressent à l’égard de la protagoniste. Le temps et « l’espace » d’un livre, serions-nous tentés d’écrire, l’on vit donc au rythme des émois et tergiversations d’une jeune fille oscillant entre une solitude qui l’oppresse et une furieuse envie de vivre qu’elle n’assume pas encore. L’on se prend de fait à trembler quant à l’hypothétique détour que pourrait prendre le destin de la jeune femme et l’on reprend son souffle durant les velléités d’espoir qu’elle formule. Or c’est précisément l’oralité du récit qui permet cette proximité. Pour preuve, l’on ressent très rapidement le besoin de lire à haute voix ce texte pour mieux le « gueuler ». Est-ce pour mettre à distance la douleur, la colère qui en émanent ? Ou ne serait-ce pas un moyen pour mieux les ressentir ? A vous de vous faire votre propre réponse, en faisant l’expérience de ce texte très poignant d’Antoine Dole.