Après Amourons-nous, les éditions du Rouergue proposent un deuxième titre dans la collection doAdo Images, avec notamment l’illustratrice von Karsted dont c’est la premier livre publié en France. On ne sait qui de l’auteur ou de l’illustratrice a inspiré cet ouvrage, mais à la lecture de cet album on sent bien que le texte et l’image sont distants, se rejettent presque. D’un côté, un autre aspect de l’écriture de Guillaume Guéraud. On le connaissait romancier, le voici poète. Sous l’écriture, la rue prend visage humain (toute de rouge vêtue). Et il est vrai que la rue est un endroit sans autre pareil : elle cache souvent derrière elle des souvenirs, une mémoire. La rue de Guillaume Guéraud est celle des ouvriers, des passants de nulle part, des gens abandonnés. Ici la rue peut tout autant caresser, se révolter ou partir en vacances. A chaque page, trois phrases, pour dire de manière différente, des sentiments contraires, reflets de la rue et du dehors, perception attirante et repoussante. La rue « démarre n’importe où et elle mène partout ». L’ensemble est poignant, rêche, surprenant. Il attire. Pour accompagner ce texte, des images double pages d’une jeune illustratrice allemande. Anne von Karsted a voulu personnifier la rue, lui donner sens. Pour ce, elle multiplie les points de vue. En haut, en bas, de côté, les hommes sont blancs tels des personnages morts, la rue rouge lumineuses, des alentours de la ville jouant sur un dégradé de bleus. On aurait voulu croire à plus d’abstraction. Anne von Karsted nous donne à voir des mises en scène réalistes, évoquant le texte avec justesse. Il manque alors cette envie de s’échapper, d’aller au-delà, que nous donne le texte. Si l’ensemble peut séduire, cette trop grande divergence entre texte et image pourra gâcher notre plaisir de lecteur.