L'héritage du clan Morgan

Orpheline, Béa vit avec sa grand-mère, une archiviste à la retraite. Lorsqu'elle comprend qu'il existe un manuscrit inachevé de ses parents, des écrivains qui travaillaient en binôme, Béa fouille dans les nombreux cartons de la maison pour le retrouver. Quatre tomes parus avec succès sortent de sa recherche, tous en prise avec de brûlants sujets de société. Un cinquième est effectivement resté en cours d'écriture. Béa et sa meilleure amie Tess se mettent alors en tête de le terminer, contre la promesse de sa publication par l'ancien éditeur des parents de Béa.

L'intrigue est assez tortueuse, potentiellement captivante, pas forcément exploitée comme elle le mériterait : un ouvrage plus ample aurait permis de développer les intéressantes problématiques présentes dans les livres des parents de l'héroïne, par exemple. Cette Organisation de la France Pure reste ainsi nébuleuse, alors qu'elle était propice à des rebondissements. A contrario, des informations précises nous sont données alors qu'elles ne seront suivies d'aucune reprise ; pensons au congrès d'archivistes de l'active grand-mère, à la secrétaire revêche de l'éditeur...
Un narrateur externe suit classiquement au passé les personnages, mais les rend légèrement abstraits, comme « posés » dans leurs vies. Ce faisant, le lecteur ne s'attache pas très bien à eux. Béa semble développer une incompréhensible et soudaine curiosité pour ses parents décédés, Tess est une figure secondaire dynamique qui ressort insuffisamment. Et puis, l'invraisemblance gagne avec l'éditeur, homme machiavélique qui profite de la naïveté folle des deux jeunes filles pourtant presque adultes. L'auteure explique à chaque fois le pourquoi du comment, la méconnaissance de Béa et Tess, mais nous peinons à adhérer. Les ingrédients sont là, manque le liant qui aurait fait trépigner le lecteur.