Le plus grand footballeur de tous les temps

« J’étais assis sur le parquet du salon, au pied de la télévision, et je regardais mes parents et leurs amis regarder le match. Alors je me suis mis debout, j’ai fait face à l’écran et j’ai posé mon petit doigt sur le ballon de la finale de la coupe du monde. C’était la première fois que je touchais un ballon de football. Il paraît que je venais juste d’avoir deux ans. Il paraît que mon père, en voyant cela, s’est précipité au magasin le lendemain matin pour m’acheter un ballon de football. Pas un faux pour les bébés. Un vrai, en cuir, officiel. Depuis, il y a toujours eu un ballon de football à la maison. C’est un article essentiel, au même titre que le frigo ou la télévision. »
On l’aura compris, le narrateur aime le football, passionnément, et il a rêvé de devenir le plus grand footballeur de tous les temps. Il vit avec son père, dans une relation de confiance, voit très peu sa mère qui a quitté la maison pour vivre avec un autre homme, va au lycée et joue au football dans l’équipe de son village. Mais depuis quelque temps, il doute, il n’a plus l’énergie. De bon joueur promis sûrement à un avenir dans ce sport, il devient médiocre et perd la confiance de ses coéquipiers et de ses entraîneurs ; ses résultats scolaires deviennent médiocres. Il a en permanence une boule d’angoisse coincée dans la gorge, ne veut plus voir sa mère qu’il juge beaucoup trop lointaine et pense beaucoup à Giuliana, une fille de sa classe, mystérieuse et difficile d’accès. Pourtant il parle avec elle, de littérature tout d’abord, alors qu’il n’aime pas lire. Il se plonge dans la lecture des romans de science-fiction dont Giuliana lui parle, l’écoute quand elle lui raconte le roman qu’elle est en train d’écrire. Il découvre d’autres horizons aussi avec Wamai, un collègue de son père réfugié politique, dont toute la famille a été assassinée dans son pays d’origine. Pourtant Wamai veut vivre à nouveau, faire des études, fonder une nouvelle famille. Et quand il joue au football, il est magique. Le narrateur trouve un moyen de révéler à tous le talent de Wamai. C’est aussi l’occasion pour lui de prendre des décisions, de s’affirmer, de grandir.
Même si le football occupe une place certaine dans ce roman, celui-ci est avant tout un roman d’apprentissage qui aborde le passage parfois difficile du monde de l’enfance à celui de l’âge adulte, qui scrute les relations familiales et amicales, les premiers émois amoureux, avec pudeur et sensibilité.
On connaissait les albums magnifiques de Germano Zullo qu’il concocte avec sa complice Albertine, dont le dernier paru à La joie de lire, Les oiseaux. Avec ce texte ciselé, ce roman dense et passionnant, Germano Zullo montre ici une autre facette de son talent d’écrivain.

Ce roman inaugure une nouvelle collection dans le catalogue de l’éditeur suisse : « Encrage ».
« La collection Encrage est une collection de résistance, comme on peut le dire d’un plat, mais surtout dans le sens d’un combat. […]
Se nourrir ou se divertir, faut-il choisir ? On peut se nourrir en se divertissant, ou se divertir en se nourrissant ! Tout est question de dosage, de pratique et d’expérience. Une collection aux contenus diversifiés, aux couvertures sobres, abstraites et symboliques conçues par Hervé Tullet.
La littérature devrait être une respiration de notre existence. » (cf Dossier de presse)