Le mensonge de Christophe Colomb

1480. Les Sanchez sont de riches armateurs. Felipe perd son frère aîné Alonso dans un naufrage au large des Canaries. C’est Christophe Colomb, ami de la famille, qui lui apprend la nouvelle. 1485. Sans ressources après la mort de sa femme, le même Colomb vient frapper à la porte de Felipe, avant de partir à la Cour d’Espagne. 1492. Felipe, ruiné à son tour, apprend la découverte d’une nouvelle terre par Colomb. Par hasard, il rencontre un moine qui a accompagné la première expédition. Son récit l’intrigue et il décide de partir voir sur place. Là, il comprend que Colomb a volé le secret de son frère Alonso.
Loin d’un énième roman relatant les héroïques aventures maritimes de Christophe Colomb, Le Mensonge… ose une thèse tout à fait dérangeante, étayée semble-t-il de récits de l’époque. Colomb ne serait qu’un arriviste, un parvenu sans scrupules prêt à tout pour se faire un nom et une fortune. En partant d’Espagne, il aurait exactement su où se rendre, et sa confiance en Dieu et son destin pour le guider feraient partie de la légende. Certes, s’il est le premier à avoir atteint et exploré l’Amérique, on s’est souvent demandé s’il était le premier à l’avoir découvert (songeons aux Vikings). Roger Judenne est convaincant, et le sympathique narrateur Felipe, qui préfère l’amour aux richesses, ne fait qu’accentuer la chose. Avec lui, le lecteur arpente encore les villes d’Espagne et de la Méditerranée, discerne une société en bouleversement, qui concilie sans complexes religion et commerce frénétique. L’écriture est vivante, les faits historiques s’explicitent simplement en notes de bas de page. Un seul reproche : quelques incohérences temporelles au début. A lire avec curiosité, à croire si l’on veut.