Le Bouddha d’azur

Cosey, depuis toujours, aime les voyages, les terres lointaines et peu visitées par le tourisme de masse, et tout particulièrement le Tibet auquel il a déjà consacré plusieurs albums, notamment dans sa belle série Jonathan (Le Lombard).

Nous sommes en 1963, époque difficile pour le Tibet que la Chine s’apprête à envahir. Un jeune Anglais, Giffort, qui vit à Calcutta avec ses parents, choisit d’accompagner, en passager clandestin, le jardinier de la propriété, Songtsen, qui rentre au Tibet pour rendre visite aux siens. Après un accident, Giffort est recueilli par les moines du monastère de Chôd gompa où il va passer quelques mois. Il y trouve des amis, Chogyam et Namgyal, apprécie leur humour et leur joie de vivre, accepte le surnom affectueux de « Porridge » qu’ils lui donnent et découvre une autre manière de vivre et de penser, très éloignée de la rigueur et de l’étroitesse qui régissent les relations sociales de sa brumeuse Angleterre. Il rencontre aussi fortuitement une étrange jeune fille, Lhahl, dont on a fait la connaissance dans le prologue de l’album. Lhahl, gardienne du Bouddha sacré, vit à l’écart dans un ermitage et elle est considérée comme une divinité. Puis Porridge doit quitter le Tibet envahi pour retrouver les siens, mais garde dans son cœur les êtres chers qu’il y a trouvés, dont l’inaccessible Lhahl.

L’album, à la fois récit d’aventures et récit initiatique, est magnifique. Il raconte l’histoire d’un peuple menacé dans son existence, mis en scène dans une montagne puissante, presque magique, que Cosey dessine avec passion, d’un trait précis et très reconnaissable, et des couleurs lumineuses. Il montre aussi, de manière plus intime, l’évolution d’un jeune Occidental, que rien ne préparait à une expérience aussi forte, qui vit là le passage de l’adolescence à l’adulte. Une histoire très forte dont on devrait connaître la conclusion dans le second semestre de l’année 2006.