Dans la poche du kangourou

Bondissante comme il se doit, dame Kangourou n’arrête pas d’aller et venir. Un, deux, trois bonds, et elle rencontre Koala bien ennuyé. Trop lent, il ne peut aller annoncer à sa mère la nouvelle d’une naissance prochaine. Serviable dame Kangourou se propose d’y aller. Un, deux, trois, bonds et elle rencontre Tortue, en larmes. Trop loin, elle ne peut aller saluer son frère qui doit la croire fâchée. De bon cœur, dame Kangourou propose de lui porter son salut. Un, deux, trois bonds, elle rencontre Bilbi qui se lamente. Trop peureux, il ne peut pas aller souhaiter son anniversaire à son cousin germain…
Trois bonds, trois, rencontres, trois tâches, deux échecs d’abord et une réussite à la troisième tentative, voilà un conte rondement mené. En effet, dame Kangourou dans son empressement confond les messages et attribue à l’un les nouvelles de l’autre à la grande confusion et perplexité des destinataires qui ne comprennent rien. Savoir qu’on va devenir grand-mère alors qu’on attend des vœux d’anniversaire est bien perturbant !… La troisième fois, Bilbi a l’idée d’écrire les nouvelles à échanger. Bonne idée, plus de confusion possible, dame Kangourou munie d’une poche de facteur peut bondir en toute tranquillité.
Le conte, éloge de l’écriture et de la solidarité remplit une autre fonction. Cette poche de facteur trouve une destination inédite, celle de transporter des bébés. Le conte devient un conte d’origine puisque séduite par l’usage pratique de la poche marsupiale, dame Kangourou l’adopte et y laisse grandir les petits…

Une illustration aux dessins fins, aux allures un peu anciennes de Crescence Bouvarel, un conte moral et bien construit de Zemanel, des personnages sympathiques auxquels les enfants peuvent s’attacher, ce récit s’insère sans peine dans la longue tradition du Père Castor.