Chacun son tour

« Chacun son tour », une poire solitaire déclare ainsi attendre son tour et c’est elle l’héroïne de ce récit assez surprenant. En effet, sur un poirier, pendent, réjouies et dynamiques, des poires, schématisées les unes à côté des autres. Sur le feuillage vert, les petites formes jaunes sont humanisées par un fin trait noir pour dessiner des bras, des jambes et un visage.

La situation initiale est réjouissante mais révolue puisque « avant (…) c’était la fête de midi à minuit ». L’histoire nous raconte donc une dégradation, les poires disparaissent dans la joie « tout le monde a mûri » sans qu’on sache pourquoi, et sans qu’on comprenne pourquoi notre poire se trouve solitaire au point de dire « je m’ennuie ». L’aspect positif de sa situation est qu’elle va regarder autour d’elle et découvrir l’univers, du plus proche – les colonies de fourmis qui cheminent sur les branches – au plus éloigné – les étoiles dans le ciel. Ce jeu entre l’immobilisme et la visée interstellaire amuse et la chute, qui voit la poire se détacher pour rejoindre une pomme, intrigue.

On a un peu de mal à se sentir proche de cette poire et la fin qui la voit s’enfuir avec une pomme n’est pas très convaincante non plus parce qu’on ne sait pas bien où veut nous conduire l’auteur. L’illustration a du charme, l’histoire déroute : ni fable, ni réflexion, ni récit réaliste, reste l’humour !