C'était mon oncle !

Le même jour, Noé apprend l'existence d'un oncle Armand, aîné de son père, et son décès. Enfant sensible et isolé depuis le déménagement de sa famille à la campagne, il a envie d'en savoir plus sur cet homme qui a sciemment rejeté les siens pour vivre dans la rue. Son père lui donne d'abord des livres de ce frère maudit – de la poésie, il en était féru -, puis sa grand-mère, à l'occasion des vacances de Noël, lui raconte des bribes du passé. En même temps, Noé le garçon posé voit ses amitiés et ses intérêts évoluer : la vie serait-elle une suite de renoncements ?

Enfant magnifique, le narrateur Noé porte la mémoire de cet oncle simplement trop fragile pour supporter un drame de type amoureux. Il soutient encore sa grand-mère afin de réhabiliter Armand auprès du reste de la fratrie. En soi, avec les incursions chez les sans domicile fixe, C'était mon oncle ! compose un roman aigu qui apprend à voir derrière les apparences : on n'est pas forcément dans la rue parce qu'on l'a voulu.

Le caractère même du narrateur, sa position comme un peu précaire entre enfance et adolescence, temps des choix, renforce l'impression tenace de fugacité du roman. Habilement, Yves Grevet le pare de ces perles de la poésie, extraits soigneusement choisis pour leur adéquation au moment. Et par-delà les âges, un lien se noue entre l'homme blessé et l'enfant en devenir... Une belle histoire d'émotions, sagement racontée.