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Virginie Guérin

Olivia Coffineau
2 juillet 2009

Virginie Guérin est née en 1975 en Lorraine. Après avoir étudié la littérature, elle entre aux Arts décos de Strasbourg. Elle se lance dans l’illustration en 2002 et travaille avec différentes maisons d’édition (Milan, Nathan, Fleurus, Glénat). Chez Casterman, elle s’investit aussi dans les textes et les pop-up. Elle invente une série d’albums animés, aux histoires variées, qui font rire ou parfois aussi un peu peur. Aujourd’hui, elle vit et travaille à Nantes, à la campagne. Elle rêve d'avoir son atelier, dans le verger derrière chez elle, pour y travailler. C'est ainsi qu'elle se projette dans le futur.

- Comment et pourquoi avez-vous envisagé de devenir illustratrice ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. Je dessinais tout ce que je voyais, ce que je vivais, ce que je rêvais. Mais j’ai mis plus de vingt ans avant de savoir que je voulais être illustratrice.

- Vous êtes également auteur. Comment conciliez-vous les deux approches, l'écriture et l'illustration ? L'un prend-il le pas sur l'autre ?
J’ai toujours su que je voulais créer, inventer des formes, des fables, les écrire aussi.
Alors, après mon bac, j’ai été jusqu’à la licence de lettres, en pensant que ça m’aiderait à devenir écrivain. Quand je me suis rendu compte de mon erreur, j’ai changé de cursus : je suis entrée aux Arts Décoratifs de Strasbourg.
J’avais envie d’être créative : peinture, sculpture, design, tout m’intéressait. C’est seulement en deuxième année, quand il a fallu choisir ma spécialité, que j’ai compris que le métier d’illustratrice serait celui qui conviendrait le mieux à mes motivations, à mes envies.
Le désir d’écrire n’est pas venu plus tard, il a toujours été là. J’écris un peu pour des magazines, et je suis l’auteure (j’aime bien le e à la fin de ce mot) d’un petit poche chez Milan, mais sous un autre nom.
Le dessin me prend du temps et quand je me plonge dans la réalisation d’un album en peinture, mon cerveau « auteur » se met en congé. Ce sont deux pôles en moi qui se côtoient et s’alimentent, mais qui ont du mal à se concentrer ensemble.
Alors, je jongle. Pour l’instant, c’est surtout l’illustration qui me fait vivre et l’écriture attend son heure !

 

 

 

 

- Quelles sont vos influences ?
Je crois que j’ai opté pour la technique à l’acrylique parce que j’adorais (et j’adore toujours) les illustrations de Delphine Durand. Je suis fascinée aussi par le travail de Frédérique Bertrand et celui de Martin Jarrie, mais je suis loin de leur univers. Et de leur niveau !

- Les livres que vous rédigez et/ou illustrez sont-ils des commandes de
l'éditeur ?

Les livres que j’écris et j’illustre à la fois (c’est le cas pour mes albums chez Casterman) sont des projets personnels que j’ai proposés à l’éditeur. Quand je fais les illustrations uniquement, ce sont des commandes. L’éditeur me contacte en me proposant d’illustrer un texte qu’il a reçu et dans lequel il a trouvé une pertinence en rapport avec mon style d’illustration.

- Pourquoi vous êtes-vous tournée vers la petite enfance ?
Les premières années de ma vie, ma famille occupait un logement à côté de l’école maternelle dont ma mère était directrice. La bibliothèque de l’école était un peu la mienne. Je crois que tous les albums illustrés des années 70 me sont passés entre les mains !
J’ai été tellement marquée par cette période idyllique que je suis restée désireuse de m’adresser à cette tranche d’âge, à la petite fille que j’étais moi-même à cette époque, en fait.
Je pense que les livres que l’on crée, on les réalise pour l’enfant qui est en nous. C’est comme si je cherchais à reconstituer par mes moyens le livre idéal que j’ai eu devant moi entre 2 et 5 ans : le livre constitué de tous ceux qu’on m’a lus.

 

 

 

 

 

- Combien d'ouvrages avez-vous à votre actif ?
Aucune idée ! Entre vingt et trente. Certains sont des livres co-illustrés. D’autres sont déjà partis au pilon ! Ils n’ont pas tous le même statut à mes yeux.

- Pourquoi travaillez-vous pour différents éditeurs ?
Pour faire des livres différents. Une même maison d’édition peut nous enfermer dans un style. Quand un livre marche très bien, l’éditeur attend un peu un livre dans la même veine.
Chez un autre éditeur, on peut redémarrer dans une autre direction, c’est intéressant.
C’est une question de rencontre également. On travaille avec une personne qui nous a contacté parce qu’elle aime bien nos dessins. Et on tisse des liens. Je m’entends très bien avec les éditeurs pour lesquels je travaille régulièrement, ça fait partie des plaisirs du métier.

- Concevez-vous les animations dans les livres tels que Où es-tu monsieur sommeil ? Sinon, qui le fait ?
Oui, c’est moi qui crée les animations de mes livres pop-up, et c’est un sacré bazar ! Je n’ai pas de qualification, ma méthode est donc très empirique. Je coupe, je colle, je recommence dix fois, je m’énerve beaucoup. Mais j’arrive chez mon éditeur avec une maquette qui marche... euh... plus ou moins. En tout cas, qui présente clairement ce que je veux. Pour la réalisation finale, c’est un technicien papier qui s’y colle.

- Vous avez illustré des contes d'Afrique. Etes-vous déjà allée en Afrique ?
Non, je ne suis jamais allée dans la savane. Mais j’ai adoré illustrer ce livre. J’avais plein d’idées, plein de représentations mentales, peut-être juste fantasmées, mais je me suis fait plaisir.

- Avez-vous un livre de prévu prochainement dont vous aimeriez nous parler ?
Je travaille actuellement sur plusieurs projets personnels, dont un chez Casterman qui sera encore un pop-up, mais plus simple que les précédents. L’histoire d’un bébé taupe qui part à travers le jardin à la recherche de sa maman.
Chez Casterman, mes livres parlent tous d’une quête. Je ne sais pas pourquoi !
Je travaille aussi en collaboration avec une auteure, Nicole Amram, sur une histoire de chat.

Propos recueillis par Olivia Coffineau, étudiante en licence professionnelle "métiers de l'édition" à l'IUT Paris Descartes"

 

 

 

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